7 mois sans train sur Le Puy - Saint-Etienne : long plaidoyer SNCF / RFF / région Auvergne pour la coupure [MAJ]

, par La rédaction

[Mise à jour du 17 février]
La région Auvergne vient une nouvelle fois de se substituer totalement à la SNCF en installant la première liaison bus directe en 1h10 Saint-Etienne Le Puy en Velay avec 2 aller retour du lundi au vendredi pour essayer de satisfaire la grogne des usagers. Et ce pour un coût de 48 millions d’euros. Voici un article plus complet sur Zoom 43.
Notre conclusion était donc un peu sévère...
 
[Article du 14 février]
 

 
Pas invités
 
Mais nous y sommes allés quand même à ce comité de ligne TER (voir ce qu’est un comité de ligne en bas d’article) du 13 février au Puy en Velay qui n’aura en définitive évoqué que la ligne Le Puy - Firminy alors qu’il concernait également Clermont - Le Puy - Langeac et deux autres lignes couvertes par des bus.
 
Date en semaine = gage de peu de participants
 
Aucune association d’usagers de ces secteurs présente, un comble, la salle était composée du maire d’une petite commune de la vallée de la Loire, de quelques cheminots CGT, d’usagers venus là en curieux, et du staff SNCF RFF région Auvergne d’une petite dizaine de personnes, soit en tout une quarantaine de présents. La programmation en pleine semaine à 18 heures avait-elle été sciemment préférée pour éviter trop d’oppositions ? Que pouvait apporter une réunion qui se tenait de plus après le début des travaux le 4 février sur la ligne Le Puy Saint-Etienne ?
 
Tout va bien, tout est parfait
 
Et de velléités il n’y en eu point puisque toute la réunion fut consacrée à la défense de la coupure de 7 mois, à grand renfort de diaporamas et de documentations couleur, Heureusement le projecteur vidéo tomba en panne dès le début et le staff dut entamer une longue description de vive voix, des épais documents distribués.
 
Le choix de la coupure fut bien entendu défendu becs et ongles notamment à l’aide du prétexte massue bien connu maintenant : avec cette interruption de circulation il y a eu 33% du budget économisé, et de plus il s’agit d’une option adoptée conjointement par les trois signataires du plan Rail. Que rétorquer à ça ? D’où sortent ces 33% ? Les entreprises privées qui effectuent la totalité de ces travaux ont-elle le savoir faire et la maitrise suffisante pour autoriser les circulations durant leurs évolutions ? Certains travailleurs à la SNCF en doutent.
 
Et ces 33% que sont-ils eu égard à la grande proportion de voyageurs qui vont définitivement se détourner du train ? Les études montrent que les changements d’habitudes, ici imposés, ont un effet irréversible. Au vu des solutions de substitution par bus présentées les personnes vont se débrouiller autrement et fuir la solution ferroviaire, déjà hors de prix. Sauf peut-être les pauvres scolaires qui n’ont pas encore le pouvoir de décision mais qui se souviendront sûrement plus tard de l’épisode « train » subi.
 
Les questions du public
 
Oh il y a bien eu quelques interrogations timides de l’assistance :
 
 Qu’en est-il du bilan de la ligne du Cévenol ? a le toupet de demander un participant.
 Réponse rapide pour évacuer de Luc Bourduge le chargé des transports à la région : On ne va pas faire dans le détail aujourd’hui, vous savez il y a 7 lignes menacées de fermeture en Auvergne.
 
 Les correspondances train bus en gare de Firminy sont peu pratiques et pénibles pour les personnes à mobilité réduite ou chargées car très distantes, les autocars arrivant derrière la station et non pas devant comme les autres bus.
 Réponse du délégué de ligne : On ne sait pas pourquoi mais on n’a pas pu faire autrement, une personne facilitant les transferts a été mise à disposition sur demande en gare.
 Oh oui il est très gentil, ajoute un monsieur âgé dans l’assistance....
 
 Le dernier TGV Paris Saint-Etienne ne trouve aucune correspondance pour la poursuite vers Le Puy, s’insurge une présente.
 Réponse du staff : Euh... effectivement, mais il n’y a que très peu de personnes concernées, on va étudier la question et sans doute envisager une solution de taxi à la demande (TAD).
 
 C’est pareil pour le premier TGV du matin ajoute une autre...
 Et aucune réponse claire sur ce point.
 
 Sans bus de substitution prévus pour les petits arrêts de la ligne impactée, comment faire ? demande une utilisatrice.
 Réponse : oui effectivement c’est un problème, on est en train de l’étudier lui répondent les représentants de la SNCF.
 
 Plusieurs autres questions également sur les chauffeurs de bus de substitution pas au courant de certains arrêts, ou sur des aménagements horaires nécessaires...
 J’y veillerai moi même assure le responsable SNCF de la ligne.
 
 Il est question de modernisation sur vos documents note une usagère, donc logiquement les temps de trajet seront plus courts à la fin des travaux...
 Réponse de RFF : Pas du tout, les vitesses seront rétablies à leurs niveaux d’origine, pas augmentées... Et puis un relevé des vitesses même sur des portions de ligne droites n’est pas à l’ordre du jour. Ce sera l’objet d’une éventuelle autre étude ajouta-t-il. On peut noter ici l’absence d’une volonté réelle d’amélioration des services, criante.
 
 Un cheminot se lance : qui réceptionne les travaux des entreprises privées ?
 Réponse de RFF : un organisme indépendant (dont nous n’avons pas noté le nom). La division SNCF Infra(structures) contrôle, elle, cet organisme. Si c’est pas un empilage ça...
 
 Un participant demande : Bon vous coupez 7 mois, vous dites que ces travaux ne résoudront pas tous les problèmes de cette ligne, il faudra donc les renouveler l’an prochain et recouper la ligne, pourquoi ne faites vous donc pas tout d’un bloc ?
 Réponse : à cause des budgets insuffisants disponibles. Et ajoute le représentant de RFF : « On a déjà fait ce que l’on a pu pour récupérer les budgets inutilisés sur les autres lignes en concentrant le maximum sur Le Puy Saint-Etienne. »
 

C’est dit. On saura donc pourquoi l’entretien des autres lignes est insuffisant et pourquoi il est demandé tant d’argent aux contribuables pour un nouveau plan Rail 2014 : par volonté de la SNCF et de RFF de trainer les pieds. On le savait déjà. C’est encore confirmé.
 
En conclusion une séance d’endormissement sans aucun intérêt.
 
 


Note : Qu’est-ce qu’un comité de ligne ?
 
Selon le site auvergne.fr les comités de ligne sont nés des assises territoriales de 2005. Le territoire régional a été découpé en huit zones, chacune d’elles se voyant dotée d’une de ces structures consultatives. Chaque comité de ligne doit se réunir une fois par an et permettre à un maximum d’usagers de pouvoir s’y rendre. Emblèmes de la démocratie participative, ils sont un lieu d’information, d’échanges et d’écoute entre d’un côté la Région, la SNCF, RFF et de l’autre les usagers. Le but étant d’améliorer le service qui leur est rendu. Les comités de ligne sont annoncés par voie d’affichage dans les gares.