Ligne du train Cévenol : la lettre des Villefortais à la région Occitanie et autres actions

, par La rédaction

La coupe est pleine pour le Collectif Citoyen de Villefort au sujet du devenir incertain à ses yeux de la ligne du Cévenol. Le 30 octobre il s’est donc fendu d’une longue lettre à la Présidente de la région Occitanie, à son délégué transports Jean-Luc Gibelin, une missive qu’il a mis en copie pour la SNCF. Pour votre information afin de comprendre le ressenti des habitants des hautes Cévennes sur le ferroviaire. En voici les termes :
 


A Madame Carole Delga, Présidente de la Région Occitanie et Monsieur Jean Luc Gibelin, Vice Président de la Région délégué aux Transports,
 
Objet de la lettre : Devenir du rail en Lozère.
 
Madame, Monsieur je me permets de vous écrire pour vous faire part au nom du Collectif pour la défense de la gare de Villefort de nos fortes inquiétudes à la veille des changements du nouveau service annuel 2018 pour les TER pour le rail en Lozère.
 
Concernant tout d’abord notre gare de Villefort, un agent est en arrêt maladie depuis le mois d’Août maintenant date depuis laquelle à chaque fois qu’il devait être présent la gare est totalement fermée (hall et guichet) empêchant à la fois tout service de renseignement, de vente, et de trafic de croisement : cette situation a entraîné notamment cet été des retards interminables sur la ligne des Cévennes ! La SNCF nous ayant expliqué qu’elle ne disposait pas de remplaçants car 3 agents étaient alors en congés maladie... Aujourd’hui bien que certains agents soient revenus à Génolhac ou La bastide la gare de Villefort comme ce matin 30 Octobre continue cependant à être fermée !!! Cette situation devient inadmissible !Et représente environ 40 demi journées de fermeture depuis cet été !Et l’idée d’une action citoyenne est de plus en plus présente dans les esprits si rien ne change !
 
De plus à compter du premier janvier la Région Occitanie reprend à sa charge l’exploitation du Cévenol ce qui est une très bonne chose mais vous ne devez pas être sans savoir que SNCF Intercités a saboté en gare de Nîmes les correspondances vers Marseille empêchant toutes correspondances, il reste un mois pour réagir et je pense que c’est en unissant nos forces que l’on doit agir car même si peu de personnes voyagent de Paris vers Marseille par les Cévennes, la SNCF ayant parachevé la relation qui est non proposée sur le site voyages sncf.com, la situation en est toute autre pour les voyageurs en partance de Langogne, Mende, Villefort ou Génolhac vers Marseille et cette destination doit être accessible depuis ce train. La ligne des Cévennes ne doit pas devenir un « cul de sac » et son ouverture vers le Sud doit être conservée !
 
Autre sujet d’inquiétude pour le Cévenol c’est le tarif proposé en effet jusqu’à maintenant il bénéficiait des tarifs prem’s et Nîmes /Clermont-Ferrand pouvait être accessible dès 15 euros, en janvier ce prix va grimper à 45 euros.... Il serait urgent de réfléchir à une tarification plus avantageuse . A défaut de voir se vider un train qui ma foi même hors saison connaît une fréquentation correcte.
 
La Lozère c’est aussi la ligne des Causses et si je vais faire une longue aparté sur celle ci même éloignée du secteur des Cévennes elle me paraît indispensable. Lors des EGRIM a été évoquée la forte volonté de créer un TER Nîmes / Toulouse par le Nord (Mende / Séverac / Rodez et Albi) ce train créant un lien à la fois vers la capitale régionale et offrant la possibilité en le plaçant à de bonnes plages horaires d’enfin permettre un déplacement domicile/travail côté Est de la Lozère. Mais avec l’annonce par SNCF Réseau de la fermeture de Séverac/ Rodez cette perspective s’éloigne peu à peu...
 
La ligne des Causses bénéficie d’une expérimentation de deux ans et la Région prend à sa charge la moitié du déficit, hors à ce jour il ne reste plus que 13 mois pour mener cette opération, espérons que ce chiffre porte bonheur à cette ligne qui doit survivre ! Il est urgent de créer une expérimentation digne de ce nom et qui à mon sens n’a pas encore vu le jour car à ce jour (cf les fiches horaires en annexe) la diminution de l’offre TER sur ce secteur entraîne une situation inexorable et l’issue semble toute tracée si au prochain service une offre minimum d’aller retour bien placés ne se met pas en place.
 
Je fais écho d’ailleurs au dernier journal de la Région où vous évoquez la question du ferroviaire où vous spécifiez + de LGV = + de TER pour la ligne des Causses juste plus de TER suffit !
 
Depuis de trop nombreuses années, on a l’impression que l’orientation politique générale s’apparente à une personne à qui on aurait amputé les deux jambes et à qui après on demanderait de marcher normalement,c’est impossible... Rendez nous déjà tous les TER supprimés sur les Causses et les Cévennes depuis des années ce serait déjà pas si mal !
 
Les ruptures de charge trop nombreuses, l’offre quasi inexistante, le vide sidéral entre Séverac et Le Monastier Pin Moriés et les ralentissements sur cette portion liés à la vétusté de l’armement de la voie, l’impossibilité de se rendre de Banassac à Mende et d’en revenir le soir etc...rendent la situation extrêmement délicate.
 
De plus, vous le verrez aussi sur les fiches horaires les dessertes entre Bédarieux et Béziers initialement effectuées intégralement TER se font pour 50 % en Bus désormais alors que sur cette portion de ligne la fréquentation est au rendez vous et peut s’apparenter à de la desserte péri-urbaine.
 
Les voyageurs ne resteront et surtout reviendront que s’ils ne trouvent des trains adaptés à leurs besoins. A ce titre les correspondances doivent être soignées en gare de Neussargues, Séverac, Millau, et Béziers. Et une meilleure visibilité de l’offre est aussi indispensable car si elle est moyenne pour la ligne des Cévennes elle est inexistante pour celle des Causses.
 
Le maillage du territoire ne doit pas s’effectuer ligne par ligne comme on a l’habitude de tout cloisonner dans notre société moderne mais plutôt comme un ensemble car l’existence d’une ligne est liée à sa cousine car dans la logique d’une mobilité durable chacune des lignes est indispensable au désenclavement des territoires surtout un territoire aussi rural que la Lozère.
 
Et la ligne des Causses doit survivre d’autant plus qu’elle reste la seule pénétrante dans le Massif Central à être électrifiée, elle revêt donc un caractère écologique très important.
 
La logique des Bus Macron ne nous convient pas et surtout l’hiver le train montre sa supériorité à la route ! En Occitanie contrairement à la région AURA la volonté de faire du rail une priorité est indiscutable mais au prochain service 2018 la vague de fermeture est épouvantable : Oyonnax/Saint Claude dans le Jura, Rodez/Séverac ou encore Quillan/Limoux près de chez nous....
 
En Auvergne également ces dix dernières années c’est des kilomètres de rail qui ont disparus et sacrifiés... Bort les Orgues a perdu ses deux lignes, Ussel/Montluçon, Ussel/Volvic, La ligne des Fades , Clermont-Ferrand/Saint-Etienne ne sont plus que des doux souvenirs … alors que pendant ce temps les crédits pour construire une étoile autoroutière autour de Clermont-Ferrand ont pu être trouvés !
 
Nous gageons et espérons qu’il n’en sera pas de même en Lozère et regrettons que la route concurrence toujours le rail au lieu d’être complémentaire...
 
Enfin le H lozérien dont le point central de l’historique ligne Le Monastier / La Bastide St Laurent Les Bains surnommée « Translozérienne »,qui est la gare de Mende voit ses relations par le fer se réduire de service annuel en service annuel, comme nombre de ses consœurs dans le Massif Central...
 
Ne vous fiez pas aux apparences ! Certes la Lozère est le département le moins peuplé de France, certes la ligne Marvejols / La Bastide est l’archétype de la petite ligne rurale en sursis avec une infrastructure vieillissante (rails DC sur 2/3 du parcours) entraînant de fait des limitations de vitesse conséquentes. Mais la gare de Mende revêt tout de même un intérêt géographique stratégique et reste un point central pour des relations ferroviaires vers Montpellier (Sud) et Clermont Ferrand (Nord) mais aussi vers Toulouse (Ouest) en constituant pour cette dernière un itinéraire détourné de l’axe littoral très fréquenté et souvent saturé entraînant de nombreux retards.
 
Telle le Trans-sibérien traversant les étendues glaciales de la Russie Sibérienne, la ligne translozérienne traverse elle les plateaux peu peuplés de la Lozère dans sa partie montagneuse et la plaine du Lot plus bas vers Chanac, en desservant au passage de nombreuses petites gares désormais fermées et transformées en simple haltes. Quand vient l’hiver cette impression d’ailleurs s’accentue de plus belle et offre un spectacle enneigé à couper le souffle confortablement installé dans son siège . A mi chemin de cette ligne thermique la plus haute de France longue de 88 kilomètres, la gare de Mende seule encore ouverte et disposant d’un guichet jusqu’au terminus de Marvejols représente un point de jonction pour les relations vers Montpellier ou Clermont-Ferrand. A ce jour il ne reste plus qu’un TER direct Montpellier/ Mende direct du lundi au vendredi le soir, tous les autres trajets s’effectuant avec un changement à Nîmes ou La Bastide. Pour Clermont-Ferrand la situation est encore piètre car si l’on souhaite effectuer le trajet en train c’est une rupture de charge à Marvejols qui nous attend...
 
La rupture de charge l’arme la plus efficace jamais inventée à ce jour par la SNCF pour parachever le rail en Lozère et dissuader même les plus téméraires : En effet depuis le SA 2013 si aucun train direct ne fait le trajet jusqu’à la capitale Auvergnate de 3 à 4 aller / retour directs ont été mis sur route par autobus chaque jour passant par l’A 75 qui a fait tant de ravages à la ligne des Causses...
 
Les dires du président de la SNCF ne font qu’accélérer cette tendance du tout bus SNCF qui a affirmé que « le Car doit surpasser le TER Ferroviaire ». Un comble pour notre ligne quand on sait qu’il y a à peine 5 ans un grand chantier de RVB avait été mené entre La Bastide et Belvezet et que depuis une partie du trafic TER a été reporté sur la route !!
 
Comment expliquer alors cette inégalité dans les relations quand Clermont se situe à 240 kms de la préfecture Lozérienne et Montpellier à 170 kms ? Mende mériterait des relations ferroviaires directes dignes de ce nom vers les grandes villes de la région Occitanie. Le train le plus direct passe par les Cévennes avec un changement obligatoire à Nîmes. Pis par la ligne des Causses un tel trajet à un seul changement est inexistant. Aujourd’hui, seuls les trains scolaires ,composés d’une UM2 d’AGC des vendredis et dimanches soirs animent la petite gare Lozérienne... Pas moins de 1000 lycéens transitent ainsi de et vers Montpellier, Béziers, Arles, ou Miramas chaque semaine scolaire...
 
A l’image de nombre de relations ferroviaires dans le Massif Central, la desserte de la gare de Mende devient peu à peu squelettique. Bien que préfecture de la Lozère, Mende ne dispose d’aucun accès en transport en commun vers Toulouse capitale de la nouvelle grande région. On se souvient alors du célèbre Locorama, le Toulouse/Lyon qui a circulé jusqu’en 1988... Un train traversant le Massif Central qui n’est aujourd’hui qu’un lointain souvenir !
 
Car oui comme dit précédemment la desserte ferroviaire de Mende devient squelettique mais les horaires proposés par rail sont totalement dissuasifs départ à 4h50 ou arrivée à 21h25, une technique classique proposée par la SNCF quand elle veut tuer son bébé.
 
Les échos d’une situation initiale, à la fin du siècle dernier, reviennent aujourd’hui : le Massif Central doit aux yeux de la Maison Mère devenir un désert ferroviaire et humain !! La Translozérienne est aujourd’hui plus que menacée car non inscrite dans le nouveau Contrat Plan Etat Région . Une situation bancale et écœurante !
 
Quand on assiste aux scènes ferroviaires en gare de Mende, Langogne, Marvejols, ou Villefort tout nous rappelle une belle pièce de théâtre d’un autre temps qui se joue sous nos yeux et même la bande sonore s’en mêle…
 
Une pièce de théâtre qui joue son dernier acte ? Pourtant on apprend toujours des centaines d’années après Molière.
 
L’on se doute bien que rien n’est éternel mais espérons que ce ne soit juste qu’une impression et que le train sifflera encore longtemps sur les rails de Lozère car il nous montre encore et toujours aujourd’hui sa supériorité en hiver sur la route chouchou de nos politiques de tous bords bercés par le doux discours du lobby routier ...Les anciens eux avaient compris l’intérêt du ferroviaire et c’est dommage que nous n’entendions pas cette logique...

 

 

Et c’est au tour du Comité de Défense des Services Publics et des Usagers dans les Hautes-Cévennes (Génolhac) d’inviter à plusieurs actions :
 
1) La première est de téléphoner à Mme Lamine pour manifester sa grogne envers ce qu’il se passe au sujet du bâtiment des toilettes de la gare de Génolhac.
 

 

2) La deuxième est de se rassembler à Alès le vendredi 10 novembre à la gare à 17h pour exiger la réouverture de la ligne Alès-Bessèges. L’exaspération monte ! Il est très difficile de faire bouger la SNCF et l’état quand ils ne veulent pas.
 

3) La troisième est de se rendre à Toulouse le lundi 13 novembre (en train) pour un « colloque sur le ferroviaire dans toute la Région Occitanie ». Il faut s’inscrire très très vite auprès de Claude Magnien (04 66 61 11 26). Les modalités seront communiquées aux volontaires pour ce voyage.