Renouvellement des « petites » lignes ferroviaires : l’Occitanie veut un plan de 1,6 milliard d’euros, Auvergne Rhône Alpes doit exiger plus de l’Etat

, par La rédaction

La régénération de nos lignes de montagne, non renouvelées dans le Massif central depuis 150 ans, devient urgente. Les voyageurs n’en peuvent plus des bricolages annuels de survie coupant totalement le service durant des mois. Et la facture de ces petits travaux en définitive est lourde, très lourde, beaucoup plus qu’un remplacement voie ballast complet.
 
Le 15 octobre dernier la présidente de la Région Occitanie et le président de la SNCF d’une même voix face à l’État
 
Carole Delga et Jean-Pierre Farandou avait tenu conférence de presse commune pour dire leur volonté de lancer un grand plan de rénovation des petites lignes ferroviaires occitanes. Carole Delga s’est engagée à financer la moitié du plan et demande à l’État, propriétaire des lignes, de payer l’autre moitié pour sauver le réseau vieillissant.
 
« Il faut 1,6 milliard d’euros pour sauvegarder les lignes de desserte fine, a déclaré la présidente de la région. Chacun le sait, mais personne n’agit alors que j’alerte depuis des mois. Je prends donc mes responsabilités et j’engage un plan rail de 800 M€. J’attends de l’État qu’il en fasse autant et qu’il transforme en acte les promesses du gouvernement dans le cadre du plan de relance. » Et Carole Delga d’ajouter : « Le train est le mode de déplacement le moins polluant. Si l’ambition est bien de préserver la planète tout en soutenant le pouvoir d’achat, l’État doit s’aligner ?! »
 
Le président de la SNCF a demandé lui aussi au gouvernement de lancer le plan. « Si l’État s’investit au même titre que la Région Occitanie, SNCF mettra les ressources d’ingénierie et humaines pour être à la hauteur de l’enjeu, a affirmé Jean-Pierre Farandou. Nous nous engageons donc avec la Région dans une convention pluriannuelle d’objectifs sur la partie infrastructures, et à créer dans les prochains mois une agence qui réunira en Occitanie, une équipe durable et experte afin de travailler sur la planification et les chantiers de restructuration. »
 
12 lignes prioritaires en Occitanie
 
La SNCF ne s’engage pas pour autant à financer le plan. L’Occitanie n’est pas seule. SNCF Réseau évalue le besoin de financement des petites lignes régionales en France à 7,6 milliards d’euros de 2020 à 2028 pour rattraper le retard. Le ministère des Transports veut classer ces dessertes en trois catégories. Les plus structurantes seront financées entièrement par SNCF Réseau, les autres lignes seront cofinancées dans les CPER (Contrats de plans État-Région) et les lignes à faible trafic pourront être transférées aux régions, à leur demande. La région Occitanie veut rénover 12 lignes prioritaires parmi les 20 existantes, dont Béziers - Clermont-Ferrand et Nîmes Clermont-Ferrand. Conformément à la loi d’orientation des mobilités, il est prévu que la région se voit confier à titre expérimental la gestion directe des chantiers de réhabilitation des lignes Montréjeau - Luchon et Alès - Bessèges, fermées à la circulation et pour lesquelles SNCF Réseau a réalisé les études de faisabilité. Pour les autres lignes, c’est plus flou. Jean-Luc Gibelin, vice-président de la région en charge des mobilités : « SNCF Réseau n’a pas fixé de calendrier ni le montant précis des travaux, qui sera précisé par les études d’avant-projet ».
 
Le premier plan d’actions tarde à être finalisé en Occitanie, où 54 % des 2.400 kilomètres de lignes sont des dessertes fines du territoire, à voie unique et en manque d’entretien. Jean-Luc Gibelin : « Nous avons le montant de travaux le plus élevé avec la Nouvelle-Aquitaine. Mon appréciation est que l’État mesure l’ampleur de la tâche et estime que ça coûterait trop par rapport à ce que Bercy veut payer. Mais alors, il ne faut pas dire que l’on donne la priorité au ferroviaire. En Occitanie, on n’a pas construit les LGV ni entretenu les lignes existantes. »
 
En Auvergne Rhône Alpes ?
 
Notre article du 20 novembre dernier présentait les chiffres donnés par Martine Guibert Vice-présidente déléguée aux transports : il s’agit uniquement pour l’Auvergne de 130 M d’euros financés à parts égales Etat Région sur 2020 - 2022 et ce à destination de 9 lignes prioritaires dont sont exclues Clermont Ussel Brive et Clermont Thiers Saint-Etienne.
 
C’est donc insuffisant et d’après ce que l’on a compris il ne s’agit pas de renouvellement complet mais encore d’éternels rafistolages entraînant des coupures de service extrêmement pénalisantes pour les usagers et n’autorisant pas la remontée des circulations aux vitesses pour lesquelles les lignes ont été conçues.
 
Un budget plus important en AuRA paraît donc indispensable. Il permettra lui seul à l’horizon 2025 leur plein développement avec cadencements et nouveaux services comme les trains de nuit. Il faut en prendre conscience. Au sein du collectif nous agissons actuellement en ce sens en essayant de sensibiliser les élus concernés.