Languedoc Roussillon, tu perds tes lignes, tu perds ton sang !

, par La rédaction

Veux tu devenir monoligne ? Avec une seule et belle ligne TGV qui te traversera d’Avignon à Perpignan ? Et des gens du nord de l’Europe dessus qui se rendront à son sud et qui ne te regarderont même plus ? C’est cela que tu veux ?
 
C’est ce qui te pend au nez si tu ne fais rien pour maintenir et améliorer l’irrigation de ton territoire, campagnes et montagnes y compris, par le réseau de train qu’ont élaboré avec tant de sueur et au prix d’efforts immenses nos anciens. Et tu voudrais l’abandonner parce qu’il te revient trop cher en entretien ? Peuchère. Mais quand on prend un héritage on l’assume et on le fait fructifier, on ne le dilapide pas ! Par respect. Par respect pour l’histoire. Par respect pour l’humain. Tu n’as donc aucun respect ?
 
Que dirais-tu si tes merveilleuses étendues étaient traversées par une autoroute sans aucun réseau routier « secondaire » qui y soit raccordé ? Oui celui qui t’amène chez toi, dans ta ville, dans ton village, à ton domicile. Ce serait ballot hein ? Et bien les gens qui ne disposent d’aucun véhicule personnel, les anciens, les très jeunes, les jeunes et ceux qui en ont fait le choix, sont en train de vivre ça, chez toi, sur ton sol : la disparition du transport en commun en Languedoc Roussillon. A cause de tes abandons. Toi la région, et toi la SNCF complice.
 
On exagère ? Tu vas me dire qu’avec ton opération du train à un euro tu fais beaucoup... Oui ça a fait courir les médias. Mais un euro pour un trajet en train qui n’existe pas ou plus ne nous avance pas à grand chose. Les usagers préfèreraient payer un peu plus pour un service public correct et irriguant. Oui mais tu mets en place des bus rétorque tu... Non ! Il n’y pas de service de bus correct non plus dans cette région, il n’y a qu’à voir ce qui est proposé le dimanche et les jours fériés !
 
En tous cas les lignes de trains qui faisaient ta force et qui t’irriguent foutent le camp par ton manque de volonté, ton irrespect, ton abandon :
 
 que ce soit la ligne du Cévenol, Clermont-Ferrand Nîmes Marseille,
 que ce soit la ligne trans lozérienne Marvejols Labastide,
 que ce soit la ligne Béziers Millau Saint-Chély vers Neussargues et Clermont,
 que ce soit la ligne Carcassonne Quillan vers les Pyrénées,
 que ce soit la ligne Villefranche de Conflent La Tour de Carol vers Barcelona et Toulouse,
 que ce soit la ligne Alès Bessèges,
 toutes tes lignes en fait... sauf l’axe littoral.
 

Tu y fermes les gares, les accueils, les guichets, tu te débrouilles pour que les horaires des trajets ne soient plus en adéquation avec nos besoins, tu y supprimes des trains que tu remplaces pas des bus, aux mêmes prix exorbitants, parce que dis tu ça te revient tellement moins cher... Pingre.
 
En fait tu veux tout abandonner, sauf ce qui te rapporte encore des sous. Mais méfies toi, en voulant le beurre et son argent, si l’on ne tenait pas compte de la morale, de la dilapidation que tu effectues, tu cours aussi tout droit à ta propre perte. Souviens toi de cela chère région LR, chère société dite ferroviaire !
 
En tous cas, sur votre beau territoire, très chers amis, vous faites l’unanimité des mécontents, et ça c’est quand même talentueux ! Après les manifestations des usagers de la ligne des Cévennes, la grogne des voyageurs de la ligne Alès Bessèges, celle des utilisateurs de la Haute Vallée de l’Aude, les actions des habitants de l’arrière pays biterrois, voici que les catalans ou plus exactement les cerdans fourbissent leurs armes de plus belle pour contester l’abandon du train jaune. C’est ballot.
 
A la veille de ton engloutissement dans la grande région que présidera avec talent, une vraie capitale, Toulouse, tu pourras te vanter de n’avoir rien compris, et d’avoir dilapidé ton sang, tes lignes et ton service ferroviaire qui en un temps faisait ta force. Là et maintenant si ce n’était l’apport continuel de pébrons des brumes qui viennent sur ton territoire passer leurs jours au soleil, tu te dépeuplerais. Heureusement les toulousains ont une autre vue des territoires et des pays, mais pourront-ils rattraper et corriger tes incompétences ?
 
C’est France 3 Sud Montpellier qui relatait à 19h00 ce samedi 17 janvier 2015 l’armée de fourches qui se lève en Cerdagne au sujet du train jaune (script) :
 


Mais d’abord nous prenons le train jaune en Cerdagne. Il fait le bonheur des touristes l’été mais c’est aussi une ligne empruntée au quotidien par les usagers catalans, des usagers qui redoutent que cette desserte régulière ne soit abandonnée. Ils ont donc créé un comité pour défendre ce service public, un comité qui s’est réuni pour la première fois ce matin sous nos caméras.
 
Construit au début du 20ème siècle le train jaune, le Petit comme on dit familièrement là haut, le train jaune est devenu un symbole de la montagne catalane. 650 ouvrages d’art pour un parcours de 62 kilomètres. Magnifique oui, mais cher : 7 millions d’euros par an pour un peu moins de 160 000 passagers. Une fréquentation essentiellement touristique aujourd’hui. Les habitants des hauts cantons craignent donc que dans un futur proche leur train jaune ne circule plus que l’été et c’est pourquoi ils créent ce comité d’usagers.
 
Raymond Trilles, vice président du comité de défense du Train Jaune
« Notre but est de faire entendre à la SNCF mais également à la région, à nos élus politiques de la région, que cette ligne est indispensable, que nous voulons la garder, que nous voulons la garder en train touristique oui, mais que nous voulons la garder surtout en train service public, tel que c’est depuis l’origine. »
 
La fréquentation du train jaune a été divisée par deux, voire par trois en dix ans. C’est un cercle vicieux que dénoncent les habitants des hauts cantons : baisse de la fréquentation donc réduction des rotations donc baisse de la fréquentation.
 
Monique Guerrero, Présidente du Comité des usagers du Train Jaune
« Les raisons ce sont des horaires inadaptés, des tarifs prohibitifs, mais surtout surtout des horaires inadaptés. On a besoin aussi de travailler sur les correspondances parce qu’on peut prendre le train à Perpignan mais on n’est pas sûr d’arriver à la Tour de Carol... dans la même journée disons ! Et encore moins à Toulouse. »
 
Rigueur budgétaire à la SNCF + échéances électorales, départementales puis régionales, les habitants de Cerdagne pensent que l’année 2015 sera cruciale pour l’avenir du train jaune. Après la disparition de nombreux services publics, celle du Petit serait selon eux dramatique pour la montagne catalane.