Région Languedoc Roussillon vs SNCF : frictions sur le train TER à un euro

, par La rédaction

Il semble que la région ait voulu faire un coup de com et aussi un peu cavalière seule dans l’organisation du train à un euro désormais étendu à son territoire. Et elle en a le droit puisqu’elle le finance à 100%. Témoin ces échanges entre le président Damien Alary et le président régional de la SNCF Philippe Charlot récoltés sur divers médias :
 

 Sur France 3 Languedoc Roussillon au journal de 19h00 du 5 janvier 2015 (script) on commence à dénoncer le coup de com du conseil régional :
 


C’est la bonne résolution de la rentrée. Depuis ce matin il est possible d’acheter son billet de TER à un euro. Une opération financée par la région : 3,5 millions d’euros par an. La collectivité espère ainsi doper la fréquentation des trains express régionaux. Une première en France. Testé depuis 2011 sur 5 lignes régionales et sur ces lignes la fréquentation a été multipliée par 3. La mesure vise notamment à séduire les voyageurs rebutés par les tarifs de la SNCF.
 
Une voyageuse
« Je viens de Perpignan à Montpellier. Ça coûte 20 euros. C’est beaucoup plus cher qu’en République Tchèque. Je trouve que c’est cher. »
 
Un voyageur
« Les tarifs ont augmenté récemment. C’est un peu dommage parce qu’on en a besoin. On n’a pas le choix quand on n’a pas de véhicule. »
 
Une voyageuse
« Ce sera en fonction de certains horaires, donc pour les gens qui prennent le train à 8 heures, entre 8 heures et 7 heures, ce sera pas applicable. Donc ils resteront avec leur abonnement traditionnel. »
 
Parce qu’en effet le TER à un euro ne concerne en réalité que 5 % des places. Des billets vendus exclusivement sur un site Internet spécifique, faute d’accord avec la SNCF.
 
Philippe Charlot, Directeur régional Languedoc Roussillon de la SNCF
« La SNCF a fait un certain nombre de propositions financières et techniques qui n’ont pas été... acceptées par la région. Donc elle a mis en place son propre système, donc pour les modalités techniques je vous renvoie aux services de la région. »
 
Autre bémol le nombre de places sera variable selon les trains : il y en aura beaucoup moins aux heures pleines qu’aux heures creuses. L’objectif étant de mieux remplir les TER. Les voyageurs devraient tout de même apprécier l’opération même si elle réclame d’être élargie.
 
Damien Alary, président Région Languedoc Roussillon
« On va faire en sorte de généraliser, je le dis, dans l’année également, l’abonnement, on a 13 000 voyageurs quotidiens qui effectivement prennent ces trains avec un abonnement, avoir un abonnement aussi avec une carte qui sera du même tarif. »
 
Le TER à un euro représente 1300 places par jour. Mais victime de son succès le site qui vend les billets a été inaccessible toute la journée.
 


 

 Sur TV Sud version Montpellier journal de 19h45 du 5 janvier 2015
 


Après 4 années d’expérimentation, le TER à 1 euro est généralisé dès ce soir à toutes les lignes du Languedoc Roussillon. Depuis 2011, plus d’un millier de billets ont été vendus sur les 5 lignes testées entre Nîmes et le Grau du Roi, par exemple. Une opération du conseil régional dont la mise en œuvre a visiblement suscité des tensions avec la SNCF.
 
C’était une promesse de campagne de l’ancien président de région Georges Frêche en 2010, le TER à 1 euro pour tous sur l’ensemble du Languedoc Roussillon. Une première en France qui démarre ce 6 janvier, la généralisation d’un système déjà expérimenté.
 
Damien Alary, président de la région Languedoc Roussillon
« Je crois qu’il y avait une attente forte puisque déjà maintenant 3 ans, 4 ans, depuis 2011 on a 5 lignes qui étaient à 1 euro et il fallait généraliser. La région a tenu ses engagements. Je répète que la région paye 3,5 millions d’euros pour compenser à SNCF les tarifs. »
 
Mais les places ne sont pas toutes à 1 euro, seul un quota de 460.000 billets par an est concerné, c’est 6% du total annuel. Il vous faudra réserver et acheter ces billets sur internet, un dispositif mis en place visiblement dans la douleur avec la SNCF. Ambiance tendue ce matin lors du lancement officiel.
 
Philippe Charlot, directeur régional SNCF Languedoc Roussillon
« Alors par principe, nous ne commentons pas les décisions qui sont prises par la région, elle agit dans le cadre de ses prérogatives et nous, nous mettons en œuvre les choix qu’elle a décidé. »
 
Des choix différents de l’opérateur historique en matière de réservation. C’est une plateforme internet créée par la région qui commercialise le TER à 1 euro.
 
« La SNCF a fait un certain nombre de propositions financières et techniques qui n’ont pas été acceptées par la région donc elle a mis en place son propre système. Donc pour les modalités techniques, je vous renvoie aux services de la région. »
 
Ambiance donc alors que la région annonce déjà l’extension du principe trajet TER à 1 euro pour les abonnements au mois d’octobre prochain. En attendant, pour réserver rendez-vous exclusivement sur internet train1euro.fr. IL vous faudra alors beaucoup de patience, le site est pour le moment un peu saturé.
 
Un projet qui suscite aussi des tensions au sein du conseil régional Languedoc Roussillon. Pour l’UMP gardois Christophe Rivenq, il s’agit d’un coup de pub. Le directeur du cabinet du maire d’Alès dénonce une opération qui ne s’adresserait au final qu’à très peu de personnes. Ecoutez.
 
Christophe Rivenq, conseiller régional UMP
« C’est une mesure qui ne va concerner qu’à peine 6% aujourd’hui des billets émis sur la région c’est-à-dire qu’on aura… on aura moins d’une chance sur dix aujourd’hui de pouvoir obtenir un billet à 1 euro c’est-à-dire qu’il y aura des voyageurs qui pourront avoir accès à internet qui auront la possibilité de temps en temps d’avoir un billet à 1 euro puis des voyageurs qui n’auront pas accès à internet, qui n’auront pas cette possibilité. Demain, avec la grande région validée aujourd’hui par la Gouvernement socialiste en tout état de cause, c’est une mesure qui prendra fin puisque je ne vois pas nos collègues de Midi Pyrénées accepter cette mesure. Imaginez demain un voyage Nîmes-Toulouse à 1 euro, c’est bien sûr hors de proportion avec la réalité. Il est pas temps de dépenser plus, il est temps de dépenser mieux et ce dispositif est un dispositif de publicitaire, un coup de pub qui va coûter excessivement cher, 500.00 euros de communication. »


 

 Sur France Bleu Hérault dans le journal de 7h du 6 janvier 2015 même Gayssot est sorti du placard :
 


C’est ce qu’on appelle essuyer les plâtres.
 
Un gros bug hier pour le lancement du TER à un euro. Le site Internet où sont vendus les billets a été pris d’assaut. Trop de connexions explique le conseil régional qui assure que tout va rentrer dans l’ordre dans la matinée. La région dans cette histoire ne semble pas avoir le soutien franc et massif de la SNCF.
 
Si vous avez eu ou si vous avez des problèmes pour acheter des billets à un euro sur Internet pas la peine de maudire la SNCF. C’est la région qui gère tout ça nous dit le président Damien Alary.
 
« On a créé notre propre logiciel pour faire nos propres billets donc c’est la région qui organise tout cela. On le fait avec la SNCF et on le fait surtout avec le concours des cheminots que je salue ici. »
 
Union de façade. La SNCF reste très réservée sur cette opération. Philippe Charlot est le directeur régional.
 
« Par principe nous ne commentons pas les décisions qui sont prises par la région. Elle agit dans le cadre de ses prérogatives et nous nous mettons en œuvre les choix qu’elle a décidé. »
 
L’ancien ministre des transports le conseiller régional biterrois Jean-Claude Gayssot pense savoir pourquoi ça n’a pas collé entre les deux parties.
 
« La SNCF a le souci que si ça marche pas bien notre système, que la responsabilité ne tombe pas sur elle. Voilà. Je crois que c’est ça un peu qui a disons rendu les choses un peu plus tendues. »
 
Pour financer le TER à un euro la région versera 3,5 millions cette année à la SNCF.
 
Avec 460 000 billets à un euro qui seront mis en vente sur cette année 2015. Et puis cette idée qui préfigure la fusion des régions : Damien Alary propose à Midi Pyrénées de lancer un billet Montpellier Toulouse à un euro. Pas de réponse pour l’instant de nos voisins.

 Sur France Bleu Gard Lozère dans le journal de 7h du 6 janvier 2015 ça fighte :
 


Le TER en Languedoc Roussillon ne fait pas l’unanimité. Depuis hier, vous pouvez voyager dans la région pour seulement une petite pièce de 1 euro, on en a parlé longuement sur France Bleu Gard Lozère, mais les usagers n’ont pas hésité à critiquer déjà les conditions de ce dispositif, le nombre de billets limités et essentiellement la vente sur internet. La région, de son côté, renvoie la balle du côté de la SNCF qui, selon elle, n’a pas joué le jeu pour mettre en place le dispositif comme l’explique Marie Meunier-Polge, elle est vice-présidente de la région en charge des transports.
 
« Nous sommes la première région en France à faire cette expérimentation du train à 1 euro donc qui nous a demandé un travail énorme de mise en place avec une SNCF qui ne suit pas, qui en plus ne nous a pas beaucoup aidé. Nous avons dû mettre en place nous-mêmes un site, le créer nous-même, nous avons dû mettre en place une régie de recette, vous vous rendez compte, pour pouvoir assumer totalement le financement auprès des usagers de ce train. Et ce train, progressivement, sera accessible à tous mais pour l’instant nous le lançons avec 460.000 places sur l’année accessibles via un site internet. Je voudrais noter quand même que beaucoup de personnes aujourd’hui désormais ont accès à Internet et c’est quelque chose qui entre dans les mœurs que de prendre ses billets par internet, c’est quelque chose de désormais accessible. »
 
Marie Meunier-Polge, vice-président de la région en charge des transports. Et le site internet justement train1euro, tout attaché, .fr hier a été visiblement victime de son succès, il était hors service toute la journée mais devrait remarcher donc aujourd’hui pour pouvoir voyager à 1 euro dans la région.
 

Là la région avoue carrément que la SNCF lui a mis des bâtons dans les roues et qu’elle a du se débrouiller elle-même !
 

 Sur France Bleu Hérault dans le journal de 8h du 6 janvier 2015 Damien Alary en rajoute une couche sur l’opération :
 


Parlons du train. Difficile d’accéder hier au site de réservation pour le TER à un euro.
 
Il a été pris d’assaut pour le lancement. Très vite saturé, trop de connexions. Mais la région promet un retour à la normale dans la matinée. Elle a aussi précisé les termes de l’offre : 460 000 billets seront mis en vente pour cette année soit 1200 par jour en moyenne. Un quota que justifie Damien Alary président du conseil régional.
 
« Il y aura un quota de 460 000 billets sur l’année qu’on pourra réserver à partir d’Internet. Quand les trains seront pleins, évidemment on pourra pas... mettre plus, mais 460 000 billets ce n’est pas rien sur une population qui fait 2,7 millions. Dire que 460 000 personnes pourront prendre dès cette année l’ensemble des TER à un euro, c’est loin d’être rien ! Alors que le train partout augmente. On va quand même avoir des lignes... à 30 fois moins. C’est du pouvoir d’achat donné. Ça peut être entre 900 et 1000 euros pour des gens qui fréquentent tous les jours un certain nombre de lignes un pouvoir annuel d’achat. Alors oui il y a un quota qui est de 460 000 places pour l’instant. »
 
Damien Alary qui propose par ailleurs à la région Midi Pyrénées de faire un Montpellier Toulouse, un billet Montpellier Toulouse à un euro. Martin Malvy son homologue a répondu qu’il observerait avec attention les résultats de l’expéience languedocienne.
 

Sauf que cher Damien Alary ce n’est que un sixième de la population de la région Languedoc Roussillon qui aura, une fois de l’an, l’honneur de se voir proposer UN billet à UN euro. Bien maigre opération.