Le train hybride circulera en Occitanie à partir de mai 2022 avant son exploitation commerciale en 2023
Il sera testé sans voyageurs en mai prochain sur les lignes Toulouse-Mazamet et Toulouse-Rodez. La Région Occitanie a mobilisé 3 M€ dans cette expérimentation. Et l’exploitation commerciale est prévue pour le 2e trimestre 2023 dans 4 régions : Occitanie, Grand-Est, Nouvelle-Aquitaine et Centre-Val-de-Loire.
Ce mercredi 16 février, Jean-Luc Gibelin, Vice-président de la Région Occitanie a donc assisté à sa première présentation depuis le site Alstom de Reichshoffen et le siège de Régions de France, à Paris.
Mais qu’est-ce qu’un train hybride ?
C’est une des solutions « intelligente » vers le train Vert, l’autre ayant bonne presse est celle utilisant des moteurs à hydrogène. Actuellement en France c’est Alstom qui mène l’expérimentation sur les trains Régiolis. Ce parc comporte actuellement plus de 300 trains Coradia Polyvalent Régiolis de nouvelle génération sur le territoire français. Il s’agit d’une propulsion électrique - thermique - batterie. De plus, très intéressant, un système de récupération efficace de l’énergie lors du freinage est incorporé. C’est le premier projet d’hybridation d’un tel train en France. Il a été lancé en 2018 par le SNCF et Alstom, avec la mobilisation et la participation financière des 4 régions citées plus haut et la mise à disposition par la Région Occitanie d’une rame de son parc liO.
Le prototype du système dans l’usine de Tarbes
L’ambition du projet est de contribuer à la décarbonation du parc de trains
régionaux. Les objectifs sont la réduction de l’énergie consommée et la diminution des émissions de gaz à effet de serre, avec une solution permettant de traiter le parc thermique existant sans devoir modifier l’infrastructure.
Les essais
La validation des systèmes de stockage d’énergie sur le site Alstom de Tarbes, centre d’excellence pour les systèmes de traction « verts », fin 2020, a permis de procéder à l’hybridation du premier Régiolis début 2021 sur le site Alstom de Reichshoffen. L’hybridation de la rame a consisté à remplacer la moitié des moteurs thermiques par des systèmes de stockage d’énergie composés de batteries lithium-ion. La rame a également été équipée temporairement d’une voiture laboratoire et de capteurs permettant de mesurer les flux d’énergie du train.
La chaîne de montage des Régiolis à Tarbes
Equipée de ses deux systèmes de stockage d’énergie et de sa voiture laboratoire, la rame a démarré ses essais courant 2021. Une phase de mise au point statique et dynamique jusqu’à 60 km/h s’est déroulée à Reichshoffen pour vérifier le fonctionnement du train et tester son mode de traction hybride. Les tests se sont ensuite poursuivis sur l’anneau de Vélim, en République Tchèque, avec les essais de validation et de certification jusqu’à 160 km/h. Tous les nouveaux modes de traction du train ont ainsi pu être testés à la vitesse d’exploitation de ces matériels et les modèles de simulation de parcours ont pu être validés.
Les premiers retours d’expérience sont concluants
Les essais ont démontré que la rame se comportait conformément aux attentes. Le taux de récupération de l’énergie au freinage, servant à recharger les batteries, atteint un niveau très élevé, supérieur à 90%, et permet une économie d’énergie jusqu’à 20%, en fonction du parcours. Grâce à une autonomie d’une vingtaine de kilomètres, le mode zéro émission permet au train de circuler sans recourir aux moteurs thermiques : cette fonctionnalité sera expérimentée lors du service commercial pour réduire les nuisances dans certaines agglomérations. Le train régional hybride aura la même autonomie sur les lignes non électrifiées que la version bi-mode thermique électrique, allant jusqu’à 1 000 kilomètres.
Les prochaines étapes
Le premier train régional hybride s’apprête à quitter le site de Reichshoffen pour entamer sa dernière phase d’essais qui aura lieu sur le réseau ferré national. Ces derniers essais permettront à SNCF Voyageurs de finaliser le dossier d’admission qui sera présenté à l’Etablissement Public de Sécurité Ferroviaire (EPSF) en vue de l’obtention des autorisations nécessaire à son exploitation commerciale. Cette période sera aussi mise à profit par SNCF Voyageurs pour préparer la mise en opération de la rame sur les différents territoires (plan de circulation, formation des personnels, ...). Le démarrage du service commercial expérimental se fera au deuxième trimestre 2023 avec des circulations dans chacune des régions partenaires du projet, avant d’envisager le déploiement industriel de la solution d’hybridation sur le parc de Régiolis existant.
Son intérêt c’est aussi les réseaux non électrifiés de montagne...
Mais là c’est un problème d’autonomie qui va se poser. Une des solutions pensée est l’électrification partielle des lignes permettant une recharge rapide des batteries. Nous avons là un système de propulsion élégant même pour nos lignes de moyenne montagne. Il laisse loin derrière la solution de l’avion vert encore dans les cartons. Ce n’est pas en brûlant de l’huile de friture récupérée des cantines dans les réacteurs, expérience présentée par Airbus la semaine dernière, que l’on va améliorer le bilan carbone de la planète.
Le tweet de Philippe Bru, Directeur de SNCF Occitanie :
Et ce n’est pas un publireportage, mais plutôt un peu d’enthousiasme.
[photos Alstom]