Lettre ouverte au sujet du train dans le Massif central : réponse de l’équipe de Fabien Roussel (Parti Communiste Français)

, par La rédaction

La réponse de l’équipe de Fabien Roussel du Parti Communiste Français à la lettre ouverte des défenseurs du ferroviaire en Auvergne, Cévennes, Aubrac et Causses, aux candidats à la présidence de la République :
 

Paris, le 25 mars 2022
 
Mesdames, Messieurs,
 
Avec les équipes qui m’entourent, j’ai bien reçu votre courrier collectif.
 
Avant de répondre précisément à vos questions, je souhaite vous assurer de mon engagement pour des mobilités permettant de se déplacer pour toutes et tous sans polluer. Il est important que personne dans le pays ne se sente assigné à résidence sans pouvoir se déplacer. Les trains du quotidien y jouent à l’évidence un rôle central, j’y reviendrai, mais j’ai également proposé que le montant de la prime à la conversion automobile apportée par l’Etat soit porté à 10 000 euros, et que celle-ci soit utilisable pour acheter des véhicules d’occasion Crit’Air 1 ou 2. Un tel accompagnement permettrait une évolution rapide du parc de véhicules le plus émetteur de pollution, sans assigner à résidence les catégories populaires, y compris dans leurs trajets pour se rendre jusqu’à une gare.
 
Dans ce cadre, le développement du train du quotidien est indispensable. Je considère qu’une gamme tarifaire doit être attractive pour l’utilisation par le plus grand nombre du train. Le train reste de loin le transport en commun le moins polluant, il faut le développer. J’en profite pour rappeler que notre proposition est de revenir à une SNCF intégrée en mettant fin aux sociétés anonymes qui ont accéléré la « découpe » du groupe SNCF.
 
Je porte aussi des propositions pour celles et ceux qui sont contraints d’utiliser la voiture, avec notamment le blocage du prix du carburant et le permis gratuit pour les jeunes. Je vous invite à consulter le programme des Jours heureux que je porte à travers cette campagne inédite, notamment le chapitre « Favoriser les transports écologiques et collectifs » et plus particulièrement la proposition 49 : « les trains du quotidien seront favorisés ».
 
Venons-en à vos questions précises.
 
Que l’Etat y applique le principe de l’égalité de traitement des citoyens en matière de mobilités (loi LOM) et d’équité territoriale.
 
Je l’ai indiqué lors de l’audition devant les représentants des collectivités locales, je suis pour le retour de la compétence générale pour les communes et les départements afin d’agir concrètement pour cette égalité.
 
Que l’État aille au bout de la logique, enfin admise, de reconnaissance de ces lignes qui font partie intégrante du « réseau structurant « (statut Train d’équilibre du territoire de la ligne de l’Aubrac) et qui sont essentielles au lien social et territorial »
Porter comme je le fais le développement du ferroviaire et une SNCF intégrée se traduit par la prise en compte par l’Etat de ses responsabilités de maillage du territoire national. Il n’y a pas de petites lignes car il n’y a pas de petites gens, ni de petits territoires... Les lignes TET dans un premier temps doivent être maintenues et élargies, la ligne Aubrac doit rester de la compétence de l’Etat.
 
Que l’Etat prenne en considération la spécificité de ces régions et les fasse bénéficier d’un traitement adapté. L’équité est nécessaire pour rééquilibrer les territoires et les situations. Il faut des mesures inégalitaires pour atteindre l’égalité. Oui, il faut un renforcement de la présence de l’Etat et des services publics dans la ruralité et la montagne !
 
Que l’Etat y assume son rôle en matière d’aménagement du territoire en honorant ses engagements et en prenant régulièrement sa part au financement des travaux de maintenance mais aussi de régénération des infrastructures, nécessaires sur ces lignes, avec les Régions Occitanie et Auvergne Rhône Alpes dans le cadre du CPER 2021 / 2027 sans nouveau retard (le volet Mobilités est renvoyé à 2023 !!!).
 
Le réseau ferroviaire national est de la responsabilité de l’Etat. Il doit investir dans le réseau pour permettre le développement des offres de transports. Il faut des investissements dans les mobilités pour ne pas contraindre des populations à être assignées à résidence. Je proposerai un grand plan d’investissement dans le réseau ferroviaire.
 
Que soient améliorés les services aux voyageurs :
 
- (Ré)ouverture des guichets, aménagement de blocs sanitaires-toilettes dans chaque point desservi
- Permanences dans les gares (quels jours, quelles plages horaires ?)
- Pôles multimodaux (quelle couverture pour les territoires ?)
- Information en temps réel, y compris sur Internet et promotion comme pour toutes les lignes de France !
- Accessibilité des gares aux personnes à mobilité réduite
- Mise à niveau des gares et haltes
- Vente de billets non limités à deux correspondances
- Meilleurs cadencements
 
La présence humaine dans les gares et dans les trains est indispensable. La crise sanitaire l’a confirmé, pour celles et ceux qui en doutaient. Il faut un vrai plan d’embauche pour le groupe SNCF plutôt que des « aventures spéculatives financières ». Je suis confiant dans la technologie, dans les sciences qui doivent nous permettre d’améliorer, comme vous le demandez, l’information en temps réel, les ventes multi-correspondances, le cadencement. Il faut aussi la relance industrielle pour construire plus de rames pour mieux répondre aux besoins de la population.
 
Que soit entreprise l’ouverture de nouvelles gares ou points d’arrêts lorsque la situation socio- économique le nécessite.
 
Je porte une conception de la société avec un renouveau de la démocratie. Il faut donc que les usagers, les élu·e·s de proximité aient une place renforcée dans le processus de décision de la nouvelle SNCF pour être en prise aux besoins et aux attentes de la population.
 
Que l’accompagnement tarifaire des régions dans les offres promotionnelles, abonnements, tarifications, préférentielles pour événementiels etc. soient repris sur les sites de vente nationaux.
 
Je considère qu’une gamme tarifaire nationale attractive doit être rapidement mise en place dans le cadre de la SNCF intégrée. Il faut aussi une dimension d’adaptabilité aux réalités locales pour avoir des propositions « événementielles » qui donnent envie de prendre le train !
 
Que l’Etat s’engage, dans le cadre du renouveau du train de nuit à l’échelle européenne, à desservir l’ensemble du Massif central --- qui ne doit plus être laissé à l’écart comme par le passé — grâce à un TDN direct Paris – Méditerranée via Clermont-Ferrand, puis tri-branche vers Nîmes, Béziers et Aurillac ( ou bi-branche si Aurillac est desservi par Brive ).
 
Le développement du train que je propose intègre évidement le train de nuit. Il est anormal que le Massif central ne soit pas desservi. Je partage la proposition du « tri-branche » pour irriguer les territoires de la Lozère, de l’Aveyron, du Gard et de l’Hérault.
 
Nos extrémités de lignes ferroviaires sont adossées à des agglomérations, il serait intéressant que, dans un rayon raisonnable autour de celles-ci (peut-être 30 à 40km), l’idée d’un cadencement encore plus important soit réellement mise à l’étude (au regard aussi des résultats de fréquentation obtenus par les régions et notamment par la Région Occitanie avec sa politique tarifaire et ses actions fortes envers les moins de 26 ans). Des travaux massifs sont indispensables pour permettre le cadencement (en effet le cadencement est la solution pour développer la ligne).
 
Je vous confirme mon engagement à promouvoir toutes les modes d’organisation permettant de mieux répondre aux attentes et aux besoins.
 
Le cadencement est une des solutions. Il doit s’accompagner comme je l’ai indiqué d’une relance de la production de rames car il faut du matériel roulant en plus grand nombre dans notre pays.
 
Que soient exploitées les potentialités en matière de fret, notamment sur la ligne des Cévennes pour le transport des matières pondéreuses, telles que le bois, et les matières dangereuses ou inflammables, en particulier les carburants et les combustibles. Le Massif central possède des ressources forestières en nombre et dans le sud, à Tarascon, se trouve le papetier Fibre Excellence. Sur la ligne de l’Aubrac, la réouverture au trafic marchandises de l’intégralité de la ligne permettrait notamment à l’entreprise Arcelor Mittal, à St Chély d’Apcher et à Fos sur Mer d’utiliser le train pour exporter ses produits finis. C’est vital pour la réindustrialisation de notre pays et pour la pérennisation des emplois correspondants. De plus le ferroutage possible sur la ligne de l’Aubrac permettrait de transférer 350 000 camions par an en transit entre Espagne et Europe du Nord vers le ferroviaire. Une idée moderne à concrétiser.
 
Evidement, le ferroutage doit impérativement être développé à l’échelle du pays et de l’Europe. Il passe par le dispositif du wagon isolé qui a été supprimé et qu’il faut remettre en œuvre immédiatement. Là aussi, il faut du matériel roulant adapté pour plus d’efficacité. Il est indispensable de diminuer rapidement le nombre de camions sur les routes, y compris celles du Massif central, pour des questions de sécurité, de transition écologique, de cadre de vie. Le fret ferroviaire est une idée moderne pour aujourd’hui et pour demain.
 
Restant à votre écoute et disponible pour échanger avec vous, veuillez, Monsieur, agréer l’assurance de mes salutations distinguées.
 
Fabien Roussel