Ligne du train Aubrac : la mort probable fin 2018

, par La rédaction

Nous sommes très très très pessimistes après avoir entendu les interventions du chargé transports de la région Occitanie au sujet des initiatives prises en 2018 pour sauver la ligne Bézuers Neussargues Clermont-Ferrand d’une disparition programmée.
 
On s’aperçoit qu’aucun projet d’envergure n’est sur les rails pour un sauvetage durable. Que va décider le gouvernement fin 2018 s’il n’y a pas un sursaut de tous les acteurs économiques ?
 
Voici ci dessous le script de l’émission spéciale sur le train Aubrac diffusé le 1er février par France 3 Occitanie Languedoc Roussillon :
 


Oui et l’état pourrait bien reporter aux calendes grecques la construction de la ligne à grande vitesse entre Montpellier et Perpignan. Alors si la liaison ferroviaire entre les grandes villes est remise en cause on peut bien s’inquiéter du sort des lignes plus petites, plus modestes comme celle de la ligne de l’Aubrac. Elle est en sursis depuis 20 ans. Voyez ce reportage.
 
Le train est le dernier à traverser les hauts cantons de l’Hérault jusqu’au Cantal. Sa vitesse ne dépasse jamais les 100 kilomètres heure, alors une fois dedans on a l’impression de partir loin, au boit du monde, mais sur ce territoire les wagons sont rarement pleins y compris entre Béziers et Bédarieux où le prix du trajet est pourtant d’un euro seulement.
 
« Faudrait pas qu’il soit supprimé. »
 
Pourquoi ?
 
« Parce que même s’il n’y a pas beaucoup de gens dans le train il y en a quand même certains qui le prennent et c’est très utile. »
 
Indispensable dans ces zones rurales, le rail n’est plus rentable depuis longtemps. Et sa survie est menacée.
 
Olivier Falzon, Conducteur de train sur la ligne – Secrétaire général CGT des Cheminots de Béziers :
« La première vocation de notre entreprise c’est de faire du service public et là on se sent vraiment utile. Il y a pas assez de monde dans le train pour que ce soit rentable mais c’est utile. Pourquoi les gens de la Lozère et de l’Aveyron qui payent des impôts n’auraient pas le droit les mêmes... les mêmes accès aux services publics que quelqu’un qui habite sur le littoral avec beaucoup plus de circulations ferroviaires. »
 
Le compte à rebours a commencé. Fin 2018 l’état se prononcera sur l’avenir de ce TER d’utilité publique. Le comité de défense très actif à Bédarieux depuis 30 ans s’étonne de l’absence de réflexion pour fidéliser les voyageurs, et pointe du doigt certaines incohérences.
 
Pierre Mathieu, Habitant de Bédarieux – Usager du train :
« Vous partez le matin à 6 heures 18, vous arrivez à Béziers à 7 heures 14, avec une correspondance qui n’est pas une correspondance, qui n’existe pas, puisque le train qui part pour Toulouse est à 7 heures 12. »
 
Une anecdote qui signifie quoi ?
 
« Qui signifie qu’il n’y a peut-être pas une volonté de l’entreprise exploitante de faire rouler des trains sur cette ligne. »
 
Josette Tello, Comité de défense de la ligne Béziers Neussargues :
« Moi ce qui me révolte c’est au moment où on dit qu’il faut sauver la planète, quand on prend l’autoroute... d’ailleurs je dis maintenant c’est plus une autoroute c’est un camions-route, il y a deux et bientôt il y aura trois voies qui seront occupées par les camions. Alors ces camions on pourrait les mettre sur les wagons et là on travaillerait vraiment pour la planète. Donc il y a une contradiction avec les politiques ce qu’ils disent, et la réalité sur le terrain. »
 
Car il y a des signaux inquiétants. Jugé moins coûteux l’autocar remplace progressivement le train. Les 400 kilomètres de voie ferrée entre Béziers et Neussargues semblent laissés à l’abandon comme si leur destin était déjà scellé.
 
Jacquy Tello, Président du comité de défense de la ligne Béziers Neussargues
« 2018 c’est l’année décisive. Nous ferons tout cette année pour contraindre le gouvernement, les directions SNCF et les intervenants pour que cette ligne elle perdure et qu’elle se développe. Et le pot de fer c’est nous parce que nous sommes beaucoup plus nombreux et beaucoup plus motivés que ceux qui pensent simplement qu’au fric. »
 
Allié précieux le conseil régional finance le déficit d’exploitation de la ligne pour moitié jusqu’à la fin de l’année. Ensuite, quid de son avenir ?
 
Justement Jean-Luc Gibelin est avec nous pour parler de ce dossier. Vous êtes le vice-président de la région chargé des transports. On l’a vu la région a deux ans pour convaincre l’état de garder cette ligne. Là on est à la mi temps. Quelles sont vos pistes intéressantes pour convaincre l’état ?
 
« D’abord ça vient d’être dit c’est la mobilisation citoyenne qui est une étape tout-à-fait déterminante. Quand Carole Delga la présidente du conseil régional a négocié et obtenu ces deux ans de test et de survie de la ligne c’était justement pour donner cet espace à la mobilisation, donner cet espace aux élus locaux pour que sur la question du transport scolaire, sur la question du transport pour aller en formation, vous l’avez indiqué dans votre sujet, sur la question du transport touristique, sur la question du... »
 
C’est utile, on voit bien que les gens en ont besoin. Mais quelles sont vos pistes pour convaincre l’état parce que si c’est une question de volonté la volonté elle est là.
 
« La volonté elle est là, nous la confirmons avec cette mobilisation, nous la confirmons avec les différentes pistes que je viens de... de vous citer, avec par exemple la mise de scolaires entre Sèverac et Millau, par exemple avec la question du fret entre Saint-Chély et Neussargues. De la même façon entre la liaison entre Bédarieux et Béziers, ça veut dire que cette ligne Aubrac elle est à la fois importante sur la liaison Béziers Neussargues mais elle est aussi importante sur différentes parties de la ligne pour qu’elle irrigue et qu’elle soit une ligne de vie pour le massif central. »
 
Alors c’est un service public donc ça doit être un choix politique. Il va falloir financer cette ligne qui fonctionne à pertes. C’est ça ?
 
« Fonctionner à pertes... je ne sais pas trop ce que ça veut dire parce que... »
 
Elle ne rapporte pas d’argent elle en coûte. Elle est déficitaire.
 
« C’est c’est... oui en même temps elle permet que les populations restent dans des territoires qui sont nécessaires à notre région, elle permet de diminuer les inégalités dans le territoire, donc elle est tout-à-fait utile. Cette notion... »
 
La sécurité sur la route aussi...
 
« Cette notion de déficit peut vraiment se revoir sous différents aspects. Vous évoquez la question de la sécurité, bien évidemment, en particulier dans le massif central le transport ferré est un gage de sécurité, et c’est tout-à-fait important dans la période. »
 
Aujourd’hui là on vient de voir que le gouvernement risque fort de reculer sur la construction de lignes à grande vitesse entre Perpignan et Montpellier, on se dit quel avenir, quelle chance peut avoir pour s’en sortir cette ligne ? Puisque sur des gros projets comme çà l’état recule.
 
« Alors d’abord comme je vous le disais tout-à-l’heure je ne décide pas aujourd’hui à la place du gouvernement mais le gouvernement un coup nous dit que... on pourrait peut-être pas faire les lignes à grande vitesse parce que il faudrait faire le train du quotidien et on nous dirait après que le train du quotidien c’est pas possible parce que ça coûte trop cher. Donc on peut pas à chaque fois nous dire que ça va pas et donc nous au contraire nous considérons que tout ça peut être gagnant gagnant et qu’il faut à la fois de la ligne à grande vitesse, à la fois du fret et à la fois du train du quotidien parce qu’une région comme l’Occitanie a besoin du développement du train. »
 
Merci beaucoup. Dossier à suivre donc.
 

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