Région Auvergne Rhône - Alpes : elle ne veut plus financer l’infrastructure ferroviaire

, par La rédaction

Une déclaration de Laurent Wauquiez qui doit être perçue comme faisant partie de la guerre ouverte que mène la région contre l’état et la SNCF sur le financement des infrastructures ferrées.
 
Le pourquoi de cette guerre dont les habitants peuvent faire les frais : le budget du ferroviaire est un des plus gros budgets de la collectivité.
 
Le discours tenu est le même depuis plusieurs années : l’état doit prendre en charge le réseau sur tout le pays. Il vient de le faire pour la hausse du pass Navigo en région parisienne, et le président de région de demander l’égalité de traitement Paris / province.
 
On lira avec intérêt ses interventions récentes dans la presse écrite régionale :
 
 Lyon Capitale du 16 décembre 2022 : La SNCF réclame 168 millions d’euros à la Région - Laurent Wauquiez dénonce un chantage
 La Montagne du 15 décembre 2022 : La SNCF réclame 168 millions d’euros à la Région Auvergne-Rhône-Alpes pour faire face à l’inflation, Wauquiez refuse de payer
 
Le Vice-président chargé des mobilités à la même région, Frédéric Aguilera enfonce le clou et prépare les esprits en précisant :« Nous ne pourrons plus financer les lignes ferroviaires » dans la Montagne du 16 décembre 2022.
 
Le sujet avait été évoqué lors du Comité Auvergne à Vichy le 7 novembre dernier

 
Extrait de l’article :
 

Frédéric Aguilera : « On fait rouler des trains dans de très mauvaises conditions sur la ligne Clermont-Lyon, ce n’est plus acceptable ».
 
Pour faire face à la hausse de la fréquentation des TER, la Région va devoir investir sur du matériel roulant. Et ne pourra plus aider l’État sur le maintien de l’infrastructure, affirme Frédéric Aguilera, vice-président (LR) de la Région en charge des transports.
 
Il y a quelques semaines, vous annonciez une hausse de fréquentation dans les TER en 2022. De combien est-elle ?
 
Les comptages ne sont pas terminés, mais on serait à +15 % en général et même entre 15 et 20 % sur les principales lignes, dont Clermont - Lyon et autour de Clermont.
 
Comment expliquez-vous cette augmentation de fréquentation ?
 
La pression sur le pouvoir d’achat et la hausse des carburants, bien sûr. Mais aussi la difficulté d’entrer dans les grandes agglomérations. Là où le train n’était pas compétitif, il le redevient avec les embouteillages. Et la mise en place de Zones à faible émission (ZFE) devrait accentuer le phénomène... Le problème des ZFE est qu’elles vont arriver brutalement. Si les métropoles vont pouvoir augmenter vite l’offre de leurs transports urbains, le délai du ferroviaire est plus long : il faut cinq ans pour mettre en place un nouveau train, donc nous n’aurons pas le temps de faire un choc d’offres.
 
La Région peut-elle investir pour faire face à cette demande nouvelle ?
 
Jusqu’à présent, parce que la demande était stagnante, les Régions pouvaient accompagner l’État dans l’investissement sur les lignes ferroviaires. Dans les dix années à venir, les Régions vont devoir se reconcentrer sur leurs compétences premières, le matériel et le service. On ne pourra plus aider l’État dans son sujet de compétence qui est l’infrastructure. Cette position est unanime au sein des Régions. D’où l’attente très forte du rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI), qui fixe les objectifs tous les cinq ans. Le prochain est annoncé ces jours-ci. Et le Gouvernement doit rendre ses arbitrages mi-janvier. C’est sur cette base que se tiendront les discussions du volet mobilité du Contrat de plan Etat-Région.
 
L’opposition vous rétorquera : arrêtez de financer les routes, qui ne sont pas de votre compétence...
 
La loi 3DS dit que les Régions doivent s’impliquer sur les routes. Et il restera toujours la grande majorité des gens qui n’auront d’autres choix que de prendre leurs voitures. Donc il n’est pas question d’arrêter de financer les routes, sinon on va concentrer les crédits dans les métropoles.
 
Dans quel délai faut-il attendre ce CPER ?
 
Je reste optimiste, je me dis à l’été. Car il faut qu’on avance, on ne peut pas perdre une année complète.
 
Au 1er janvier, les tarifs TER vont augmenter. Comment défendez-vous cette décision ?
 
Des Régions augmentent deux fois voire trois fois plus que nous. Nous avons choisi de privilégier les abonnés, avec une augmentation de 2,95 %, alors que l’occasionnel augmente de 8 %. Les abonnés du Clermont-Vichy, par exemple, paieront 1,5 € par mois en plus. Cela nous paraissait absorbable par rapport à nos coûts, qui explosent. Et nous n’avions pas augmenté depuis deux ans.
 
Un RER clermontois, c’est possible ?
 
Un RER, cela veut dire une offre de trains avec une plus large amplitude, une fréquence tous les quarts d’heure, un emport des trains plus importants. Clermont fait partie des six RER qui pourraient à terme être créés dans la région, avec Lyon, Grenoble ou encore Chambéry. Nous allons lancer une étude au premier semestre avec la SNCF et le Pôle métropolitain afin de remettre à plat l’offre. Faudra-t-il augmenter le nombre de haltes comme celle d’Aulnat à la Rotonde ?? Faudra-t-il augmenter le cadencement ??
 
L’expérimentation des rames à hydrogène, c’est pour quand ?
 
Fin 2025 voire 2026. En semaine, les rames seront expérimentées sur la ligne Brioude-Moulins, et le week-end sur Clermont-Lyon. Pour faire cette expérimentation, d’un montant de cinquante millions, on doit aussi moderniser l’atelier de maintenance de Clermont, ce qui coûtera 40 millions.
 
Existe-t-il un avenir pour la ligne Thiers-Boen ?
 
L’étude la SNCF sera rendue début 2023. Si la conclusion est une réouverture complète ou partielle, cela fait partie des choses à négocier avec l’État, car la ligne lui appartient.
 
Des usagers du Clermont-Lyon se plaignent de trains bondés les vendredis et dimanches soirs. Quelles solutions ?
 
Nous avons demandé à la SNCF le renforcement de l’emport, c’est-à-dire la capacité. Et à partir de 2024, on aura un train complémentaire aller-retour le dimanche soir. Est-il possible d’améliorer cette ligne ? Oui, car son taux de régularité est de 85 % alors qu’il est de 95 % pour les autres lignes auvergnates. La plupart des retards sont liés à la ligne. On nous dit qu’il faudrait environ 500 millions pour remettre la ligne en état. Nous, nous voulons savoir combien cela coûterait exactement et sur combien d’années ils seraient étalés. Donc nous demandons un schéma directeur. Les études devraient débuter en 2023. On fait rouler des trains dans de très mauvaises conditions sur cette ligne, ce n’est plus acceptable.

Entrevue intéressante où l’on entrevoit plusieurs inquiétantes nouvelles, notamment que la région confirme parler de réouverture partielle de la ligne Thiers Boën. L’association Letrain634269 et notre collectif y sont opposés puisque nous réclamons le rétablissement de la liaison entre Saint-Etienne et Clermont Ferrand. Inquiétude bien sûr aussi sur l’investissement pour toutes les lignes du Massif central hormis apparemment Clermont Vichy Lyon, lignes de « desserte fine » que l’état a abandonné et dont SNCF veut se débarrasser depuis des décennies.

La guerre Régions - Etat est déclarée. Qui va en être le gagnant ?