France : après le tout TGV, le tout RER ?

, par La rédaction

C’est bien le risque qui arrive, après le tweet du dimanche de Macron annonçant 10 RER pour bientôt, annonce qui prend le train en marche puisque n’intervenant que bien après que les collectivités locales et même les usagers se soient emparés du sujet.

 
Le point sur les études en cours dans la moitié sud du pays
 
Marseille - Aix
Une étude a été lancée en 2022 par la métropole (Aix Marseille Provence) dont le rendu doit être remis en 2023 sur le périmètre RER pour « doubler l’usage des transports collectifs ». Par contre l’objectif est un peu lointain... 2050. Un RER performant dans l’agglomération Aix Marseille passe notamment par l’aménagement d’une gare souterraine à Marseille Saint-Charles, afin de fluidifier le trafic, et celle-ci n’est pas prévue avant 2035.
 

 
Toulouse
Fournissant un travail très sérieux, nos amis de l’association Rallumons l’étoile qui ont prêché dans le vide durant de nombreuses années voient ces derniers mois un revirement de situation : des réunions viennent d’avoir enfin lieu entre la métropole de Toulouse, la région Occitanie, les communes concernées, les usagers et l’état. L’idée avance bien et se fait jour. L’association affirme ce RER possible dès 2024.

 
Lyon
Les annonces ont été faites dès avril 2022 par le président de région Auvergne Rhône Alpes, mais l’idée court depuis 2021. Laurent Wauquiez veut un RER « à la lyonnaise » dans la 3e ville de France. Il y a consensus politique en tous cas y compris avec les écologistes et le président des transports de la métropole.
Un collectif s’est emparé du projet : le Rem-Lyon. Il propose ceci :

 
Saint-Etienne
Une étude a été lancée sur l’étoile ferroviaire stéphanoise par la région Auvergne Rhône Alpes mais le projet de RER lyonnais précédent englobe aussi la ville ligérienne. Cela voudra-t-il dire qu’elle perdra ainsi son statut d’étoile et qu’elle ne deviendra qu’un cul de sac du RER lyonnais ? Probable et inquiétant.
 
Clermont-Ferrand
La région Auvergne Rhône Alpes a lancé une étude sur l’étoile clermontoise et Frédéric Aguilera son Vice-président chargé des mobilités vient de nous surprendre ce mois-ci en annonçant lors du comité d’usagers Auvergne à Vichy qu’il envisageait un RER pour la capitale de l’Auvergne. Tout est bon à prendre si on peut dire à condition que ce dispositif ne pénalise pas les habitants en dehors du périmètre touché. Un réseau renforcé en rames et en plage horaires entre Langeac et Vichy, entre Chabreloche - Thiers et Le MontDore ça aurait de la gueule non ? Notre proposition se trouve ci dessous. Elle utilise les couloirs démographiques et économiques à revigorer ou en cours. Oui y compris le Montdore (cliquer pour agrandir) :

 
Grenoble
A Grenoble, le projet d’un RER est sur les rails depuis 2018. Supporté là aussi par la métropole, il repose sur la construction de 3 nouvelles lignes : Rives - Brignoud avec un train chaque 1/4 d’heure, Saint-Marcellin-Gières avecun train chaque 1/2 heure et Clelles-Grenoble avec un train chaque 1/2 heure. Echéance 2027, 2030 ou 2035 dit la métropole.

 
Bordeaux
C’est le projet de RER M (métropolitain) qui est en cours initié donc par la métropole de la capitale de Nouvelle Aquitaine. Une feuille de route a été adoptée en 2018 entre la région, le département de Gironde et la métropole. Il s’agit d’un renforcement progressif et intelligent du réseau de transports de trains régionaux jusqu’en 2030 : plus de trains, plus de gares, plus d’économies, plus de cars.

Et la SNCF dans tout ça nous direz vous ?
 
Et bien elle subit suit les volontés politiques et n’a jamais été en tous cas « porteuse de propositions ». Au mieux elle accompagnera et mettra en oeuvre ce qui a été décidé avec les budgets qui lui auront été atttribués.
 
De nombreux risques apparaissent
 
Accélération de la désertification des campagnes
 
Un RER c’est super, ça répond à la plupart des besoins en mobilité des habitants proches des métropoles mais aussi les autres vont accourir pour s’agglutiner un peu plus dans les nouvelles capitales. Ce qui induira c’est certain une accentuation du mouvement vers ces zones équipées depuis les zones délaissées ou proches délaissées. Est-ce un bon objectif au moment où certains urbains ont décidé d’aller vivre dans des zones plus tranquilles ? L’équilibre de certaines régions va s’en trouver menacé.
 
Sur-occupation des infrastructures ferroviaires existantes

Parce qu’il n’y a plus de sous dans les caisses, on va éviter de construire de nouvelles lignes ferroviaires qui coûtent très cher. On va donc utiliser l’existant. Le nouveau trafic de proximité, RER, cadencé par exemple au quart d’heure, au mieux, va induire automatiquement une saturation des voies, et donc certaines suppressions des trains Intercités, et inter régionaux. C’est un des risques majeurs que nous voyons. Alors ce type de liaisons plus longues et déjà peu nombreuses mais indispensablesvont elles encore se raréfier ? Le système de signalisation utilisé jusqu’à maintenant par la SNCF sur ses « petites lignes », obsolète, sera sans doute renouvelé. Mais sera-t-il suffisant pour faire circuler autant de trains à l’heure ? C’est une vraie question ici, ça ne l’est pas ailleurs en Europe.
 

Nécessité de très nombreuses rames de trains supplémentaires

A moins de déshabiller Paul pour habiller Jacques il sera obligatoire d’augmenter le parc de rames disponibles. Sera-ce le même matériel que celui des lignes TER existantes ? Vu l’engouement du train qui va aller croissant il y a nécessité d’augmenter les capacité des voitures, de prévoir des emplacements vélos. Sur les nouvelles voies on peut éventuellement faire circuler un matériel différent, plus léger et aussi confortable, comme celui par exemple de la ligne métropolitaine Lyon Saint-Pierre - Lozanne à l’ouest de la capitale des Gaules, une ligne toujours exploitée par SNCF. Cela allégerait la facture.
 
Qui va gérer et quels tarifs pour l’usager ?
Quand on parle de RER il s’agit de trains classiques et donc on rentre un peu dans le giron des prestataires actuels : la SNCF et les régions. Mais les zones concernées autour des villes correspondant parfaitement aux limites des agglomérations ou des métropoles c’est bien celles-ci qui sont les premières concernées dans la gestion. Des accords se feront entre Métropole et Région à Lyon, les discussions sont bien avancées. L’intérêt commun fait que le dialogue est obligatoire pour ces projets vitaux de mobilité. On pourra parler là effectivement de développement de l’offre de transports. Une billetterie commune à tous les moyens de déplacement devra nécessairement être mise en place de façon à faciliter son obtention. C’est pratiqué dans certains endroits il faut que ce soit généralisé.

 
Qui va régler la note ?
Pas seulement l’état qui essaie de se dégager des investissements « en province » le plus possible, mais surtout les régions, elles qui ont la compétence « train » donc RER, et puis certainement les métropoles et agglomérations directement concernées. Une répartition entre ces acteurs sera certainement effectuée.

 
Un voyageur RER à Paris

 
Si elle n’a pas servi à grand chose sur le fond « l’annonce » de Macron aura permis aux médias mainstream, ceux qui ne se posent pas trop de questions et suivent l’actualité du vent, de s’emparer du sujet. De nombreux acteurs y travaillent depuis plusieurs années. C’est une des solutions classiques. Il ne faut pas que les lignes longues distances qui utilisent pour certaines la même infrastructure soient pénalisées, mais au contraire développées. Nous avons tous droit à une meilleure mobilité collective, en cadencement, en plages horaires, en confort, en ponctualité.