La FNAUT nationale toujours contre la gratuité

, par La rédaction

La « fédération des associations d’usagers des transports », qui n’en fédère pratiquement aucune dans la moitié sud de la France, mais qui est toujours le porte-flingue des transporteurs, SNCF compris, remet en avant son vieux « manifeste contre la gratuité ».
 
Certains journalistes généralistes qui ignorent le travail au quotidien des véritables groupes de défense, comme ceux de France Bleu Hérault, se tournent toujours vers elle par facilité. Et vers son président Bruno Gazeau qui était « l’invité de la rédaction » ce matin sur cette radio, d’ailleurs en recul total sur l’info de proximité depuis quelques années, ses auditeurs en font l’amer constat, pour donner son point de vue sur la politique de gratuité des transports du maire et président de la métropolette de Montpellier. Gratuité en marche, pas totale, et conditionnée à l’âge etc.
 
Intervention de Gazeau sur France Bleu Hérault le 2 novembre 2021 à 7h45 :
 

 
La vieille fédération, reconnue d’utilité publique excusez du peu, qui reprend fréquemment les vues des bureaux parisiens de la SNCF ainsi que des transporteurs, bus y compris, se dévoile de temps en temps : non elle ne défend pas les usagers, nous qui sommes sur le terrain sommes témoins au quotidien de son absence, et oui elle opte de préférence pour les avis des grands groupes de voyages sur route, ou ceux du staff SNCF, au Conseil d’administration duquel elle siège, et accessoirement ceux du gouvernement. On l’a voit ainsi fréquemment défendre becs et ongles les LGV, on l’a vu s’offusquer de l’allumage des feux de croisements des voitures le jour, etc.
 
Avec son suivisme constant, ses conseils très raisonnables et ses vues dépassées la FNAUT ne sert pourtant pas à grand chose dans le débat. Mais...
 
Du pouvoir et des tentatives d’exister
 
De par sa présence à la SNCF la vieille fédération est aussi consultée par... SNCF Réseau avant toute suspension ou fermeture de ligne. Logique. On a ainsi pour ces décisions cruciales pour les territoires l’avis éclairé de retraités toujours en pointe dans la réflexion sur le transport. On voit ce que ça a donné pour les lignes du Massif central.
 
Il y a quelques mois donc la FNAUT ressortait un manifeste de 2014, une proclamation rien de moins, contre la gratuité du service public. Les études et les pronunciamentos elle adore, c’est tellement plus valorisant dans les couloirs ministériels.
 
Le document commun FNAUT et UTP, le fameux manifeste :
 

 
Alors un manifeste... mais de qui, pour qui ? Des usagers, pour les usagers ? Non bien entendu, un manifeste qui permet de poser un avis, celui d’elle-même et des « influenceurs » parisiens.
 
Il y-t-il un tel danger pour qu’il faille ressortir ce pronunciamento contre la gratuité des transports publics ?
 
Il faut le croire. C’est que l’idée fait son chemin et c’est l’évidence : jamais les transports publics n’ont été et ne seront financés par les billets et les tickets des voyageurs. Jamais. La part des recettes des billets, maximum 30%, est largement mangée par toutes les dépenses satellites nécessaires : les salaires des contrôleurs, les salaires des policiers des transports, l’investissement dans le matériel et les distributeurs de titres de transports, etc.
 
Alors pourquoi pas la gratuité totale !?!! Au niveau de la sécurité dont tout le monde se gargarise en temps d’élections, il est prouvé depuis longtemps qu’en présence d’un plus grand nombre de voyageurs il y a un phénomène de comportement plus respectueux des uns envers les autres et donc plus besoin de police des transports, plus besoin de contrôles. Cela ne doit pas être nécessaire dans un pays qui se dit civilisé ou dans une ville qui respecte ses habitants et ses visiteurs.
 
L’instauration de la gratuité totale dans les transports publics, à l’étranger comme en France est une réussite. A Aubagne par exemple où depuis des décennies les contrôleurs ont été supprimés, où aucun ticket n’est nécessaire pour monter dans un bus. Des économies sur le fonctionnement non négligeables. Et Calais ? Et depuis peu Dunkerque... il y a 35 réseaux totalement gratuits en France. Les agglomérations importantes comme Montpellier s’y engouffrent, très timidement, les week-ends et pas pour tous, Nantes et d’autres villes y vont aussi, on le lira dans les articles cités en référence ci-dessous.
 
Bien sûr il s’agit d’un choix politique : donner la gratuité des transports pour tous, donner la mobilité gratuite à tous est un geste formidable et naturel qui rejaillit sur le niveau de vie des habitants, et sur leurs relations. De plus celles entre conducteurs et passagers s’améliorent. Les déplacements doivent être accessibles par tous, surtout dans les grandes villes. Les discours des hiérarques des vieilles fédérations ne changeront rien à la marche du temps.
 
On regarde et on remercie les régions qui, comme la courageuse Occitanie, se sont dirigées vers le gratuit sur tout leur territoire dans les réseaux de bus scolaires, qui ont développé pour leurs lignes de train TER la presque gratuité à un euro depuis plusieurs années et ce malgré la grande hostilité de la SNCF. Au point que au début cette dernière refusait de vendre les billets sur ses sites Internet et d’en faire la promotion.
 
La FNAUT est farouchement contre le gratuit car dit-elle les collectivités qui optent pour le gratuit n’investissent plus dans les rames et donc il y aurait moins de confort pour les voyageurs. Argument totalement faux : l’un n’empêche pas l’autre ! Au contraire toutes les villes, toutes les autorités de transport qui ont installé le gratuit ont un fort budget de renouvellement du matériel.
 
Mais au populaire la FNAUT préfère la gentrification des centres villes avec des budgets de transports très élevés pour les familles : comme à Lyon qu’elle prend en modèle, une ville où parait-il le prix du billet est le plus élevé de France et où la fréquentation aussi... De notre côté nous sommes pour des villes vivantes avec le maximum d’échanges entre les différentes populations, des villes sans ghettos. Le transport public gratuit en est la clé.
 
La FNAUT toujours à la traîne des idées...
 
Bien que toujours la plus présente sur les médias nationaux radio et télés. Par facilité on ne connaît qu’elle et les journalistes parisiens paresseux, qui n’investiguent plus, en usent et abusent. Le travail des assos et collectifs de terrain est lui souvent passé sous silence. Il faut dire que la FNAUT plaît : un discours bien lisse, sans accrocs, qui s’offusque mais toujours dans le sens du vent. Une organisation suiviste qui se greffe à tout et peut parler de tout : train de nuit, trains du quotidien, TGV, bus scolaires, bus en général, automobile, tout lui convient. Et pour cause : on essaye de s’infiltrer dans les collectifs, on étudie les dossiers des petits copains et on se fait rapidement un point de vue que l’on peut ensuite déclamer à sa sauce dans les médias. Fastoche.
 
La FNAUT parisienne on n’en veut pas...
 
Elle pratique aussi la vampirisation : quel collectif, quelle association d’usagers n’a pas un jour et en principe dès sa création, été approché par la FNAUT pour ingestion et future digestion ? De notre côté nous avons toujours refusé ses avances.
 
Elle sait une chose : les groupements d’usagers sont très nombreux, se créent vite et meurent vite après l’éventuelle résolution des problèmes objets de leur mobilisation. C’est le cas sur le littoral languedocien par exemple, où bon nombre de collectifs sont éphémères.
 
Elle, demeurera, puisque hors terrain, hors sol.
 
Quelques grains de sable parfois, des résistances, comme notre collectif et plein d’autres groupements très actifs et qui durent, ne serait-ce que sur la ligne des Cévennes. Là la mayonnaise ne prendra jamais, c’est ballot.
 
De quel droit cette fédération qui ne représente qu’elle même parle-t-elle au nom des usagers ?
 
Regardons qui sont les portes-parole de la FNAUT ? D’anciens technocrates ou quelquefois d’anciens politiques locaux qui l’investissent afin de rester dans la filière mobilité pensant que leurs opinions seront ainsi relayées par une organisation nationale, reconnue puisque très consultée par une certaine presse paresseuse qui va au plus facile.
 
On lira et on écoutera donc :
 
 D’abord la position de la FNAUT et des transporteurs consultable ici sur le blog Rail du Sud : « La Fnaut et de l’UTP ont publié un manifeste contre la gratuité du transport public, utopie aggravée par le contexte de crise » dans lequel le blog relaie étonnamment le manifeste sans aucune critique.
 

 
 On écoutera aussi l’émission de France Culture « Le temps du débat » du 12 mai « Les transports gratuits sont-ils soutenables ? » qui invitait aussi un des vieux grigous de la FNAUT, également président (à vie ?) de l’EPF espèce de machin européen inventé par la FNAUT elle-même, qui essaie de défendre ses calculs biaisés, les autres intervenants le lui faisant remarquer (durée 38 minutes).
 
 A la place du plaidoyer de la FNAUT contre la gratuité des transports on pourra lire l’article beaucoup plus distancié de : La gratuité peut-elle sauver le transport public ?
 

 
Nous reconnaissons et respectons par contre le travail de terrain de certaines associations locales qui existaient avant d’intégrer la FNAUT et qui continuent le boulot. Elles émettent d’ailleurs des avis quelquefois différents de ceux de leur fédération. C’est étrange...