Trains à batteries : les pays de montagne et l’Auvergne en verront-ils l’ombre ?

, par La rédaction

Pour diminuer les émissions de CO2 sur les lignes non-électrifiées le train à batteries est de l’avis général des experts ferroviaires LA solution, bien moins onéreuse que le train à hydrogène par exemple. Mais il se heurte actuellement à plusieurs conditions de déploiement qui le verront à priori interdit en zone de montagne :

 son autonomie une fois les batteries chargées s’évalue à 80 km en terrain plat

 il nécessite des zones de rechargement rapide, soit des gares équipées et dans ce cas l’immobilisation de la rame pendant le temps de charge est nécessaire, soit des portions de ligne électrifiées, ce qui est plutôt rare en Auvergne par exemple. Si on s’intéresse à l’électrification des lignes ferroviaires on apprend que son taux s’est accéléré depuis 2006 : 45 % des lignes étaient électrifiées en 1999, 58 % le sont en 2019. Mais il n’y a eu aucun effort de la part de SNCF Réseau et donc de l’Etat, cela s’explique surtout par la fermeture de lignes non électrifiées !

Voici la carte des lignes électrifiées en décembre 2023 :

On s’aperçoit vite qu’à part les lignes Paris - Clermont Ferrand et Béziers - Neussargues électrifiée elle en 1500 v continu, aucune autre ligne auvergnate ne l’est. Les locomotives ou les rames fonctionnent au diesel. Et c’est pire dans les Alpes du sud, dans la zone comprise entre la vallée du Rhône, Grenoble, Nice et Marseille où là strictement aucune ligne n’a été équipée. Mais il y aura peut-être une évolution sur ce point avec les JO d’hiver de 2030. Plusieurs projets existent.

 Il faut ajouter à ces deux conditions la déclivité : sur la ligne des Causses / Aubrac elle atteint 33,4 mm par mètre à Vézouillac (Aveyron) et sur la ligne des Cévennes 25 mm par mètre au sud d’Albespeyres (Lozère). La pente influe directement sur l’autonomie annoncée de 80 km car la puissance nécessaire est plus importante en forte déclivité, et donc le rayon d’action du train à batterie va s’en trouver fortement réduit.

Bien que, car il y a une bonne nouvelle quand même, les batteries se rechargent pendant les descentes et les freinages. On estime que le gain peut ainsi aller jusqu’à 20%.
Autre bonne nouvelle ces accumulateurs lithium - ion sont recyclables à 50% actuellement et on se dirige vers les 75%.

Voici la vidéo de présentation d’Alstom :

L’Auvergne passera à côté à moins que...

Des stations de recharge rapide en gare voient le jour à Langeac, Alès, Mende, La Bastide, Aurillac, Thiers, Montluçon à minima.

Car ces trois conditions réunies font que, sans équipements supplémentaires de recharge dans les gares, la seule ligne qui peut être candidate à la circulation des trains à batteries est la ligne des Causses déjà électrifiée et donc qui n’en a pas besoin... Mais on pourra sans doute faire circuler des trains à batteries entre Le Monastier / Marvejols et Mende voire au delà vers Labastide sur le H lozérien à condition que les gares de Mende et La Bastide Saint Laurent soient équipées de systèmes de recharge. Côté ligne des Cévennes seule la portion Nîmes Alès, assez plate, pourrait en être équipée. Et sur la même ligne côté nord on peut penser à une section Clermont Ferrand Langeac.

Voilà qui ne va pas faire les affaires encore une fois de la section la plus fragile de la ligne des Cévennes, la portion entre Langeac et Alès, c’est-à-dire le haut Allier et toutes les Cévennes. A moins d’équiper Langeac et Alès en systèmes de recharge.

Les lignes Clermont - Aurillac, Clermont - Thiers et Clermont Montluçon pourront voir ces trains à bateries circuler à condition d’équiper respectivement en stations de recharge, Aurillac Thiers et Montluçon.

En pratique ça va aller assez vite puisque pour la région Auvergne Rhône Alpes le train à batteries sera mis en service commercial fin 2024 sur la ligne Lyon - Bourg en Bresse. Côté Occitanie c’est la ligne Nîmes - Le Grau du Roi qui devrait en profiter. Actuellement les essais sont terminés chez Alstom et les tests de qualification sont effectués par l’EPFS à Bar-le-Duc (Meuse).

5 régions, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie Pyrénées-Méditerranée et Provence-Alpes-Côte d’Azur se sont associées à SNCF Voyageurs et Alstom depuis 2021 dans ce projet d’expérimentation des trains à batteries. 5 rames vont bientôt être disponibles pour débuter.

On pourra obtenir plus d’informations sur ces sites :

https://www.alstom.com/fr/press-releases-news/2023/10/sncf-voyageurs-et-alstom-presentent-le-premier-des-cinq-trains-batteries-commandes-par-les-regions-autorites-organisatrices-de-la-mobilite
https://www.groupe-sncf.com/fr/innovation/decarbonation-trains/ter-batterie
https://transports.nouvelle-aquitaine.fr/toute-lactualite-des-transports/le-premier-ter-batteries-roulera-en-nouvelle-aquitaine
https://ressources.data.sncf.com/explore/dataset/caracteristique-des-voies-et-declivite/information/?location=15,44.49326,3.93967&basemap=jawg.streets