Trains de nuit : la SNCF freine des 4 fers

, par La rédaction

On vient de le remarquer dans la réponse qu’a fait le ministre à notre demande de retour du train nocturne Marseille Nîmes Clermont Paris, il n’y a aucune volonté ni au gouvernement ni à la SNCF de développer le train de nuit et nous pourrons ajouter le train du quotidien, mais aujourd’hui la preuve est sous nos yeux : SNCF Voyageurs vient de licencier le groupe de 5 personnes qui s’occupaient du train de nuit !

C’est ce que nous a appris hier Mobilettre une publication réservée aux professionnels de la mobilité. Voici le passage :

SNCF Voyageurs : l’équipe de nuit dissoute !
 
On ne sait pas si les trains continuent de susciter des nuits dissolues, dans la lignée des légendes ferroviaires, en tout cas SNCF Voyageurs vient d’inventer l’équipe de nuit… dissoute ! Selon nos informations, une petite équipe de trois personnes créée il y a environ trois ans pour booster l’activité, au sein de SNCF Voyageurs, ne se réunit plus chaque trimestre avec les pontes de SNCF Réseau, et pour cause : elle n’existe plus…
 
C’est d’autant plus surprenant que les chiffres sont flatteurs : 350000 voyageurs en 2019, avant la crise Covid, 770000 en 2023, soit +120% ! Les taux d’occupation moyens atteignent désormais 70%. L’activité est portée par le Paris-Nice et le Paris-Toulouse, qui selon nos propres observations battent tous les records depuis quelques mois. Trains de jour saturés et/ou trop chers + envie de train = un nouvel espace pour le train de nuit !
 
Mais revenons à la disparition de cette équipe dédiée à la nuit. Elle ne se contentait pas d’imaginer et de concevoir le développement de l’activité et les futurs « produits », elle s’attachait aussi bien avec SNCF Réseau qu’avec les directions opérationnelles de SNCF Voyageurs à assurer la meilleure qualité de service possible. A savoir la permanence des circulations malgré les travaux (en imaginant des itinéraires alternatifs), mais aussi l’amélioration continue de la fameuse expérience voyage.
 
Loin des radars des statistiques de la ponctualité, la suppression (parfois très tardive) des trains de nuit… nuit, c’est le cas de le dire, à leur réputation. Ainsi le Paris-Berlin, dont le retour a été inauguré en grandes pompes l’année dernière : il est devenu à peu près aussi rare qu’un cadre de Renaissance confiant avant les élections européennes du 9 juin. La pérennité des trains de nuit, pourtant, ne peut rimer avec irrégularité, leur lente érosion depuis les années 2000 en témoigne.
 
SNCF Voyageurs voyait d’un très mauvais œil le retour des trains de nuit, au sortir de la crise Covid : leur modèle économique était jugé impossible, en tout cas leurs marges sont ridicules par rapport aux TGV. Pourtant les injonctions gouvernementales l’ont obligée à s’y recoller, notamment via cette petite équipe dédiée. La disparition de cette dernière, aujourd’hui, est d’autant plus surprenante, et paradoxale eu égard l’engouement du public.
 
On en est réduit aux conjectures : fait-elle les frais d’une priorité absolue aux Intercités de jour, après la crise de mi-janvier sur le Paris-Clermont ? Prenait-elle trop d’énergie aux directions opérationnelles ? Est-ce une « anecdote » de gouvernance interne à SNCF Voyageurs dont on peinera à comprendre les ressorts ?

Chacun en conclura ce qu’il voudra mais les dysfonctionnements répétitifs de ces lignes propres à décourager les voyageurs ne sont pas prêts de se terminer.