Vécu d’une projection du long métrage « Au bout des rails » à Montbrison (Loire - Ligne Saint-Etienne Clermont-Ferrand)
Attac 42 et l’association Letrain634269 organisaient la projection du film du réalisateur suisse Manuel Lobmaier avec un débat où nous sommes intervenus au nom du Collectif Aurail.
Voici le résumé officiel du film qui est la version longue du « Voyage à Bessèges » du même auteur :
« Un jeune Suisse veut rejoindre en train le lieu de vacances de son enfance dans le sud de la France. En chemin, il enquête sur les raisons pour lesquelles autant de lignes de trains sont abandonnées dans ce grand pays voisin. »
Le film a le mérite de pointer toutes les failles du système ferroviaire français et tous ses aspects sont franchement abordés, notamment par les interviewés, souvent militants, souvent offusqués par la situation, mais pas encore résignés.
Notre voyageur suisse teste le fameux téléphone vermoulu (encore là en 2024) de la gare d’Alleyras, seul moyen de communication avec un agent SNCF : on lui raccroche au nez
Le constat est amer et nous découvrons tous et toutes que le programme secret de SNCF et de l’Etat d’abandonner et de fermer toutes les « petites lignes », en fait de les supprimer carrément de son réseau et de ne conserver que les lignes grande vitesse et quelques rares artères, est au fil des décennnies mis en application. Lentement, pour ne pas offusquer les élus et les usagers, mais sûrement.
Nous sommes d’ailleurs actuellement au stade de l’estocade finale puisque les premières déclarations du nouveau ministre des transports sont qu’il préfère le bus au train et qu’il met au point un réseau maillé inédit de couverture du territoire à l’aide de bus, les fameux bus Macron. En concurrence directe avec le peu de lignes de train existantes. La boucle est bouclée.
La réouverture du tronçon Alès Bessèges
Si notre Manuel une fois difficilement arrivé au Puy en Velay, puis à Saint-Georges d’Aurac, ne put descendre à Alès par la ligne des Cévennes qu’il empruntait enfant, à cause des coupures annuelles de trois mois pour « travaux », précisons de maintien en l’état, pas de modernisation, et s’il dut faire un léger détour par la ligne des Causses pour rejoindre Marvejols, espérant atteindre Mende, La Bastide Saint-Laurent puis Alès, il s’aperçut vite que la nouvelle solution était impossible, là aussi des travaux « cosmétiques » le lui en empêchant. Il dut se rabattre vers Millau et Béziers puis le littoral et Nîmes. Un nouveau petit détour qui lui permis de constater de ses propres yeux la désertion par les voyageurs de la nouvelle gare LGV de Montpellier, celle dite « Sud de France » au milieu des vignes et inaccessible par les transports en commun. Une bagatelle inutile voulue par l’état et SNCF qui coûta (euh qui fut budgetée) 135 millions d’euros financés par un partenariat public-privé dont 50% détenu par une société écran luxembougeoise. Tout va bien.
Une fois arrivé à Alès, en remontant la ligne des Cévennes, notre ami ne put que constater que le tronçon vers Bessèges était fermé, alors que depuis 2015 la région Occitanie s’est engagée à le rouvrir, en financant entièrement l’opération et promettant 6 aller retour TER par jour.
Nous sommes en 2024, presque dix ans plus tard, où en est le projet ? Et bien les dernières nouvelles font état d’une ouverture en 2028, sous prétexte d’études environnementales. Et encore, les défenseurs de cette réouverture, dont l’association des Usagers SNCF du Gard, s’attendent à de nouvelles annonces de report.
C’est bien là la preuve que même lorsque SNCF n’a pas un centime à débourser dans une réouverture, elle met tout en oeuvre pour rendre impossible l’amélioration du service via des lignes inscrites à son plan secret de fermeture du réseau irriguant du pays, y compris de la ligne des Cévennes. Nous ne sommes plus dupes et nous l’avons dit ici en publiant par exemple la "recette secrète de SNCF pour fermer une ligne’ il y a quelques années.
Devant une salle pleine, les intervenants lors de la projection au cinéma Rex de Montbrison
Un espoir quand même cité lors de la projection, le cas exemplaire des Chemins de fer Corses qui ont chassé SNCF du réseau insulaire en 2012 et qui depuis à investissement réduit de la part du conseil régional, ont prouvé l’efficacité d’une gestion hors SNCF, avec une augmentation importante du trafic, du service aux habitants et une réouverture de ligne en vue.
Oui quand on critique la SNCF, bras droit certes des basses oeuvres de l’état central, on a bien des raisons.