Toulouse Lyon en train via le Massif central

, par La rédaction

Nouvel ouvrage à paraître en avril de Pascal Bejui sur les voyages en train depuis Lyon vers Toulouse par les lignes ferroviaires du massif central. L’auteur ne se prive pas d’établir des similitudes avec la situation actuelle et dénonce le contournement par les axes de circulation du centre montagneux du pays et donc son abandon.
 

 
Extrait :
 
Des similitudes frappantes
 
Pour le rédacteur de ces lignes, qui a côtoyé les acteurs des deux dossiers successifs Toulouse - Lyon – ferroviaire d’abord, routier ensuite – c’est un parallélisme frappant qui saute aux yeux. Le X 2800 du dernier 5494/5 n’était même pas encore rentré au dépôt de Toulouse que, déjà, toute une région s’enflammait pour la « grande liaison d’aménagement du territoire » (GLAT) Toulouse - Lyon qui, c’était certain, réaliserait enfin ce « désenclavement » si ardemment désiré, dans lequel le rail avait, nous assurait-on, failli.
 
Première similitude : tout a commencé à la fin des années 1980, lorsque fut fixé le tracé de l’autoroute méridienne A 75, qui s’ingéniait à éviter tout chef-lieu de département sur plus de 300 km – ce que les « anciens » avaient déjà vertement reproché aux lignes des Cévennes et des Causses, quand elles n’étaient qu’en projet ! Bien évidemment, pas davantage au XXe siècle qu’au XIXe, les micro-économies locales ne justifiaient pas le surcoût d’un itinéraire en zig-zag…
 
Deuxième similitude : après cette déception, tout ce que le sud du Massif Central comptait de notabilités est parti en quête d’une consolation (ou d’une revanche ?) en s’engageant dans l’espérance d’un axe routier Toulouse - Lyon à 2x2 voies, véritable enjeu « de dimension européenne » – bien sûr ! L’infrastructure qualifiée de « stratégique » suscita les mêmes enthousiasmes et, en langage contemporain, le même lobbying que la ligne Mende - La Bastide en son temps : à un siècle d’intervalle, on était à deux doigts du copié-collé entre la presse locale d’époque consultée aux archives et celle qui venait de paraître en kiosque !
 
Les élus cantonaux ne pouvant s’arroger le monopole de la grandiloquence, le Premier ministre lui-même classa la mise à 2x2 voies de la RN 88 comme « grande priorité nationale », lors d’un comité interministériel d’aménagement du territoire (CIAT), organisé à Mende.
 
C’était en juillet 1993, voici près d’un quart de siècle.
 
Troisième et dernière similitude : depuis cet engagement solennel, l’infrastructure a effectivement été réalisée aux marges du Massif mais, dans l’immense lacune qui persiste à s’étendre des abords de Rodez à ceux du Puy, la seule section actuellement en service n’est autre que le court tronc commun avec l’A 75 radiale. Pour tout le reste, les cartographes n’ont même pas pris la peine de dessiner des pointillés qui seraient manifestement prématurés.
 
On l’a compris : la « zone blanche » est aussi importante pour la route en 2016 qu’elle l’était pour le rail 120 ans plus tôt.
 
Mais les similitudes s’arrêtent là : en 1902, le feuilleton à thème ferroviaire avait fini par se conclure sur un « happy end », dont on sait qu’il devait demeurer essentiellement… virtuel. Le « remake routier », lui, poursuit son chemin, avec des épisodes faits de hauts et de bas politico-budgétaires, sur le même fond de décor que l’œuvre précédente : des réalités géographiques, démographiques et économiques restant désespérément inchangées. Cependant, l’audience est assurée, et les auteurs planchent déjà sur la saison 28, ou peut-être même 30 : on ne sait plus trop.
 
Un feuilleton sans fin : on pourrait l’intituler « Plus belle la voie »
 

On peut se procurer le livre aux Editions Regordane, 6 Rue Neuve, F 63670 La Roche-Blanche. Tél. +33 (0)6 08 89 39 41 E-mail : laregordane@orange.fr rf.egnaro:enadrogeral’)]