Enfin ! Macron dit stop aux nouveaux projets TGV et priorise les transports du quotidien

, par La rédaction

En visite à Rennes pour l’inauguration du TGV Paris Rennes, c’est enfin une bonne nouvelle qui a été assénée par le président qui veut d’une part stopper les grands projets TGV, extrêmement coûteux et dont on sait désormais que la plupart des liaisons sont en déficit, et d’autre part orienter sa politique vers les transports du quotidien, lignes « secondaires » y compris.
 
Voici sa déclaration audio (MP3) et le script de son intervention :
 

 
« Le combat que je souhaite engager pour les années à venir c’est celui des transports du quotidien, c’est celui de l’ensemble des mobilités, prioritaires à mes yeux. Je suis en train de vous dire… : le rêve des cinq prochaines années ne doit pas être un nouveau grand projet comme celui-là. La promesse que je veux qu’ensemble nous tenions pour les années à venir c’est celle-ci : celle de penser les transformations fondamentales dont notre pays a besoin et que nos concitoyens attendent. Ça veut dire ne pas relancer de grands projets nouveaux. »
 

Les élus des métropolettes ne l’entendent pas de cette oreille
 

C’est en grande partie eux, les élus locaux des agglomérations qui ont toujours poussé au tout TGV, pas que la SNCF qui n’a fait que répondre à leurs demandes. Chacun depuis 30 ans, et encore aujourd’hui, a voulu sa gare TGV, sa desserte TGV, pour transformer sa bonne ville en vulgaire et endormie cité dortoir de la capitale parisienne à 800 ou 1000 kms. Le tout avec les milliards de l’argent public.
 
Et ça continue donc : le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc (LR) se plaint sur France 3 Midi Pyrénées ce 2 juillet à 19 heures, des choix du président. Son interview :
 


Bonsoir Jean-Luc Moudenc.
 
« Bonsoir. »
 
En tant que maire de Toulouse vous êtes un des plus fervents défenseur de cette ligne à grande vitesse. Quand vous entendez Emmanuel Macron est-ce que vous comprenez que la LGV pour Toulouse est abandonnée ?
 
« Non. Je comprends pas ça. Mais je note que le propos est très ambiguë. Il dit : il faut pas relancer de grands projets nouveaux. Justement notre projet c’est pas un projet nouveau, c’est un projet qui a été décidé par l’état en 2013, donc Emmanuel Macron il est tenu par la tradition républicaine d’honorer la parole de l’état. C’est un projet que lui-même a indiqué comme favorable, lorsqu’il était candidat il y a quelques semaines. Il a dit oui je ferai ce projet là. Parce qu’en réalité c’est un projet qui va de Tours à Toulouse en passant par Bordeaux, c’est un seul et même projet. Et donc le volet Bordeaux Toulouse il est compris depuis le début dans ce projet d’ensemble. »
 
Mais ces propos laissent tout de même planer le doute. Quels moyens d’action, de pression, avez vous pour soutenir ce projet ? Si vous en avez, vous qui êtes dit proche de ce gouvernement et de ce président.
 
« D’abord on va lui rappeler ses promesses. Ensuite on monte tous au créneau, Carole Delga, Georges Méric le président du département, Alain Juppé, Alain Rousset en Aquitaine, on est tous d’accord. Ensuite l’opinion publique a une vraie attente. Et puis on a un argument massue c’est qu’on demande pas le TGV... par caprice, nous sommes l’agglomération la plus dynamique de France, celle qui crée le plus d’emplois, celle qui a la croissance économique la plus forte. Et donc il y a là une logique. Il y a pour... la pertinence économique du projet la nécessité d’aller au delà de Bordeaux, d’aller jusqu’à Toulouse. Et puis on a une échéance, dans quelques semaines deux rapports vont tomber, un rapport tombé... commandé par l’état lui-même sur le plan du financement, c’est justement ce qui manque, et puis un rapport commandité par les deux régions sur les financements innovants parce qu’on a bien compris que... ya pas beaucoup d’argent et qu’il faut innover dans les financements. »
 
Ce qui permettra peut-être de faire avancer le projet. Jean-Luc Moudenc je vous propose d’écouter un court extrait d’une interview réalisée en 2004 de Philippe Douste-Blazy qui était alors maire de Toulouse. Comme vous aujourd’hui.
 
« Le ministre des transports Monsieur Bussereau vient de m’adresser un courrier. Le TGV sera donc bien construit dans les dix ans. En 2015 il sera à Toulouse. »
 
Le TGV en 2015 à Toulouse... les promesses n’engagent que ceux qui y croit. Est-ce qu’il ne faut pas se résigner à un moment ? Se dire que Paris à 4 heures dix de Toulouse c’est suffisant et que ça ne sert à rien d’investir de nouveaux milliards pour gagner une heure.
 
« Paris à quatre heures c’est évidemment une bonne nouvelle. Cependant aujourd’hui malgré ça, Toulouse c’est la grande ville de France, qui est la plus loin du réseau à grande vitesse direct, et ça c’est pas normal. C’est-à-dire qu’il y a des villes qui sont plus petites que nous et qui ont le TGV. Tant mieux pour elles. Mais il y a une question de logique. Et puis vous savez il n’y a pas que Toulouse. À travers Toulouse on irrigue toute une région. Toutes les zones rurales. Et quand on parle des trains du quotidien, n’opposons pas la grande vitesse aux trains du quotidien. Parce que ça veut dire à ce moment là que les petites villes, les villes moyennes, l’espace rural seraient uniquement desservis par des trains du quotidien et on leur interdirait euh... la grande vitesse ? Non, il y a tout un territoire qu’il faut desservir. »
 
Tout ça est très complémentaire pour vous on l’aura compris. Et vous croyez toujours donc à la LGV à Toulouse pour 2024. En tous cas vous ferez tout pour. Merci beaucoup Jean-Luc Moudenc d’être venu nous voir ce soir.

 
Gageons que le maire de Montpellier et celui de Perpignan vont monter au créneau eux aussi pour réclamer en larmoyant le tronçon LGV manquant Montpellier Perpignan.

 
Nicolas Hulot lui emboîte le pas
 
Dans la foulée le nouveau ministre de la transition écologique a fait une plus longue déclaration :
 

 
« On va regarder l’existant avec des priorités sur l’état du réseau ferré, parce que ce qui est important c’est déjà l’existant faire en sorte que ça fonctionne bien, que les trains arrivent à l’heure, qu’ils soient confortables et qu’ils soient sûrs. Et puis après on va regarder dans le cadre budgétaire qui est le nôtre ce qu’on peut faire. Et ce qu’on ne peut pas faire. Nous avons bien entendu dans cette inauguration les souhaits de chaque élu, président de région... etc. On va, en tous cas c’est ma méthode, prendre le temps d’écouter, et après dans la foulée, choisir avec la priorité sur le transport du quotidien, qui est très important, améliorer le confort. Le confort c’est aussi que les gens partent et arrivent à l’heure. Et surtout pour moi le confort quotidien. Moi je pense aux millions de gens qui sont dans le TER, dans les RER, et y compris dans le TGV parce que le TGV ce que je voudrais aussi c’est qu’il devienne très démocratique au niveau du prix. C’est ça qui nous anime, c’est une notion de solidarité. »