Vu par la télé parisienne : (Pau) Oloron-Sainte-Marie - Bedous (Canfranc) - (Zarragozza) « le TER inutile »

, par La rédaction

D’un défenseur du train du quotidien que nous remercions :
 
Il y a de quoi être scandalisé par le reportage diffusé au JT de 20h le 23 novembre 2016 sur France 2 !
 
À voir et à revoir ici :
 

 
(Pau) Oloron-Sainte-Marie - Bedous (Canfranc) - (Zarragozza) : le TER « inutile »
 
On y explique clairement qu’une réouverture ou une création de ligne ferroviaire TER en « province » (région, pardon...) est totalement inutile et forcément non rentable !
 
Dans le style reportage à deux sous on ne fait pas mieux ! Le tout à base de statistiques SNCF bidonnées, de clichés parisiens où on ne conçoit que des trains bondés et de raccourcis journalistiques simplistes concernant des sujets de fond méritant plusieurs heures de débat et d’explications.
 
1) Les deux exemples utilisés dans cette pseudo-enquête sont incomparables et totalement incohérents entre eux : Le TER Oloron-Sainte-Marie - Bedous et le TGV Poitiers - Limoges... L’un est financé par une région, l’autre par l’État et pour des budgets allant du simple à seize fois plus ! Les deux objectifs sur le plan du transport sont complètement différents. L’un est déjà réalisé et trop récemment remis en service (car la ligne, fermée en 1971 à cause d’un accident, existait) pour en tirer des conclusions de fréquentation représentatives sur une année entière, alors que l’autre n’a jamais dépassé l’état de projet, serpent de mer effectivement inutile eu égard à la ligne classique POLT (Paris - Orléans - Limoges - Toulouse) existante et performante.
 
2) La journaliste, adepte de la grasse matinée, se débrouille pour emprunter un TER pyrénéen à sa gare origine (Bedous) en pleine semaine et à 10h du matin au mois de novembre ! Donc hors période touristique , hors week-end et hors horaires domicile-travai, en bout de ligne de surcroît... Comme ça elle était sûre de réussir son coup médiatique et de trouver un train au trois quarts vide, bref une technique bien connue de l’équipe Pepy & consorts. On a du suggérer à cette journaliste de prendre ce train-là en échange d’une l’autorisation de filmer car il faut une autorisation, la SNCF ayant peur qu’on lui vole son savoir-faire..!
 
3) Cette apprentie-journaliste de France 2 a réussi un coup de force : obtenir de la SNCF les statistiques de fréquentation, très arrangeantes pour le fossoyeur du Rail, et ainsi véhiculer des contre-vérités devant des millions de téléspectateurs : 12 voyageurs/train « officiellement » ! Évidemment, elle n’a pas vérifié la section, la date et l’heure concernées par les chiffres fournis ! Et comme chacun a pu constater, les contrôleurs n’étant pas zélés pour éditer des billets à bord des trains, le chiffre est totalement fantaisiste puisque basé sur les ventes effectives ! Car rien ne précise combien de personnes étaient finalement à bord de ce TER X-73500 à l’arrivée à Pau (terminus avec correspondances vers Bordeaux, Toulouse et Bayonne)...
 
4) Enfin, et sans doute le plus important, la réouverture de la section Oloron-Sainte-Marie - Bedous n’est pas une fin en soi mais le maillon d’une future réouverture de la ligne internationale, à objectif fret principalement, Pau - Sarragosse (Espagne) ! Environ 25 fois moins cher que le grand tunnel du Vignemale sous les Pyrénées, de plus de 50 km, que Bouygues, Vinci et Cie essaye de se faire financer depuis 20 ans, à grands renforts de fonds européens, projet pharaonique sans véritable intérêt puisque le tracé transpyrénéen central via Canfranc existe déjà, même un peu moins performant. Évidemment la « journaliste » ne dit mot sur ce volet du dossier !
 
Bref, nos médias grand public jouent un rôle de désinformation de plus en plus lamentable et dangereux, pour tenter de faire comprendre aux « sans-dents » et élus locaux sans véritable pouvoir qu’il faut fermer tout le réseau complémentaire. Car quelle urgence y avait-il à diffuser un tel reportage, qui tombe là comme un cheveux sur la soupe ?
 
Autres réflexions
 
Le site du Comité pour la réouverture de la ligne Oloron Canfranc
 
L’association dont le lien est ci-dessus se bat avec acharnement depuis 25 ans pour qu’on rouvre le transpyrénéen central, fermé unilatéralement par la SNCF en 1971 suite à incident mineur (déraillement wagon marchandise sur un pont), unilatéralement et sans respecter l’accord d’exploitation international franco-espagnol. Cette possibilité n’a pu s’effectuer qu’avec le soutien sans faille d’Alain ROUSSET président de région (financement 100% région Aquitaine, exceptionnel). Le CRÉLOC propose un site parfaitement actualisé et fortement documenté sur l’ensemble du dossier.
 
La seconde partie du tracé (25 km hors tunnel du Somport) est plus délicate à traiter. Aucune population, seul le fret en transit par la vallée d’Aspe est l’objectif majeur. C’est grâce à Dominique VOYNET, Ministre de l’Environnement de l’époque, que là les travaux de la deux fois deux voies en vallée d’Aspe ont été stoppés pour éviter d’absorber davantage de trafic routier.
 
Techniquement la partie restante est également en très forte rampe 44 pour mille donc il faut réélectrifier en 25 kV (fini le 1500 V courant continu, inadapté pour les puissances actuelles nécessaires à la traction de trains lourds). C’est le record de France au niveau rampe. Seul le transpyrénéen via Latour-de-Carol (toujours ouvert aux voyageurs) reste le record actuel entre Ax-les-Thermes et Latour-de-Carol avec rampe continue de 40 pour mille de part et d’autre du tunnel ferroviaire du Puymorens.