Plusieurs collectifs indépendants demandent la démission du PDG de la SNCF

, par La rédaction

Le collectif indépendant d’usagers (comme nous non affilié à la FNAUT qui siège à la SNCF) de Picardie SNCFvamtuer vient d’écrire au Président de la république François Hollande pour lui demander la démission du PDG de la SNCF Guillaume Pépy. Il vient également de lancer une pétition en ligne.
 
Nous nous joignons volontiers à la démarche puisque nous avons nous-même demandé la démission de l’intéressé ainsi que celle du premier ministre le 27 mai dernier.
 
Si par hasard ou par dédain le chef de l’état ne répondait pas cela prouverait clairement sa connivence et celle du gouvernement qu’il a installé avec la politique d’enfumage du PDG de la société dite ferroviaire, et entrainerait par conséquent des actions plus radicales au sein des collectifs citoyens envers la gouvernance affublée de l’étiquette socialiste.
 
Voici le texte de la lettre envoyée au chef de l’état :
 


30 Août – Pépy : démission – Lettre à François Hollande
 
Monsieur François Hollande
Président de la République
Palais de l’Elysée
 
Lamorlaye, le 1er septembre 2015
 
Objet : demande de démission de Monsieur Guillaume Pepy
 
Monsieur le Président,
 
Je m’appelle Nora MC.
J’ai 45 ans, et on peut me considérer comme une femme « normale » : une vie agréable en Picardie, des amis, un métier – pas seulement un travail – dans lequel je m’épanouis depuis maintenant 15 ans. Je m’occupe à Paris d’une fondation de recherche sur les maladies de la colonne vertébrale et suis naturellement sensibilisée aux personnes moins favorisées d’un point de vue résistance physique.
 
Je plante ce décor pour que le reste de ce courrier soit bien pris pour ce qu’il est, et non utilisé à des fins politiques ou polémiques pro ou anti « vous ». Je garde volontairement un langage clair et simple car ce texte va également être publié sur des blogs d’usagers de transport en commun et utilisé comme base d’une pétition demandant la démission de Monsieur Guillaume Pepy de ses fonctions à la tête de la SNCF.
 
Pourquoi cette demande ? :
 
1) Une situation humainement inacceptable
Depuis décembre 2011, avec la mise en place de ce qui été appelé « cadencement », l’usager Picard a vu ses trajets quotidiens vers Paris se transformer en cauchemars :
• Retards quotidiens, avec des excuses allant de « difficulté de gestion du trafic » (dès 6h00 du matin) à « affluence exceptionnelle de voyageurs » lorsqu’on nous envoie un train de 450 places pour plus de 1000 usagers. Le jeu des rotations implique, en plus, un effet domino sur les trains suivants.
• Trains courts (450 places pour 1000 usagers). Voyages debout, tassés, collés aux vitres mais « c’est ça ou rien », puisqu’un train capacitaire en panne est remplacé par des rames scindées.
• Suppressions de trains : cause techniques, avaries de matériel par manque de maintenance et depuis le début de l’année par manque de conducteurs – problème évidemment exacerbé au moment de leurs congés.
 
Je vous épargne les « petits problèmes » liés aux fermetures de gares et au manque d’information.
Mais je ne vous épargne pas les conséquences :
Perte d’emplois
Décrédibilisation vis-à-vis des employeurs potentiels ou actuels
Conséquences sur la santé : morale et physique
Mise en danger des usagers, due au manque de places à bord :
* une femme enceinte bousculée vers 7h00 du matin par des usagers rendus fébriles de ne pouvoir encore monter à bord,
* bagarres entre usagers, bagarres entre usagers et cheminots,
* des voyageurs avec béquilles ou âgés ne pouvant même pas monter à bord,
* asthmatiques en détresse respiratoire,
* scoliotiques interdits de prendre le train car pas de possibilité de s’asseoir ou de se tenir…
Vous êtes enceinte ? Vous avez un bras cassé ou une incapacité temporaire de marcher normalement : alors il ne vous reste qu’à demander un arrêt maladie, car voyager se transformera en parcours du combattant : voyager en équilibre, sans rien pour se tenir à 160 km/h est le défi habituel pour un usager type. Certains conducteurs refusent d’ailleurs parfois de donner le départ pour ces raisons de sécurité.
 
Des vies désorganisées :
• On part de plus en plus tôt « par sécurité » – moi qui vous écris ai dû prendre un train à 5h58 tout l’été car le « mien » de 6h36 était statistiquement trop en retard chaque jour. Explications (incomplètes) du directeur de ligne : « restitutions des voies tardives pour cause de travaux et problèmes de gestion du personnel à Creil ; espérons un retour à la normale vers le 24 septembre ». Quelle vie privée n’en pâtirait pas ?
• On n’est pas pour autant sûrs de rentrer à l’heure le soir. Nombre de nos enfants doivent régulièrement être récupérés par des amis ou… à la gendarmerie ! Nos petits passent plus de soirées avec les nourrices ou baby-sitters (qu’il faut rémunérer en sus, bien sûr !) qu’avec leurs leurs parents.
Nos villes perdent de leur attrait et deviennent de simples dortoirs pour tous les pendulaires Picardie/Paris/Picardie. Les horaires imposés, avec trous d’offres parfois de plus d’une heure, ne correspondent plus aux besoins des travailleurs ; collectifs et associations ont pourtant tenté, dans un simulacre de concertation, de faire valoir ces points. En vain.
 
Tous ces exemples sont visibles sur des blogs d’usagers tels www.sncfvamtuer.wordpress.com ou www.idr80.org entre autres pour la Picardie.
 
Vous – ou vos conseillers – y trouverez 3 ans de photos, films, statistiques de retards, propositions concrètes faites par les usagers, courriers envoyés et reçus de TER Picardie, articles de presse, implication de nos élus locaux…
Vous y trouverez également trace de nos échanges avec les cheminots du terrain. Ceux qui vivent la même chose que nous puisque nos conditions de transport sont leurs conditions de travail.
Droit de réserve oblige, ils nous parlent souvent de façon anonyme mais nous aident toujours au plus fort des dysfonctionnements. Cette unité cheminots/usagers est unique et nous est précieuse.
 
2) Une situation « citoyennement » inacceptable
Je suis vraiment une femme normale : Je travaille. Je paie mes impôts. Je vote et je m’implique même dans la « chose publique ».
J’aime à penser que l’excellence, la probité, l’honnêteté ne sont pas des mots mais bien des valeurs. C’est-à-dire des mots transformés en actions avec une cohérence exemplaire.
J’aime à penser qu’un haut fonctionnaire, quelqu’un qui a choisi de passer des concours pour se mettre au service d’une fonction publique et qui a eu l’honneur d’être nommé par le Président de la République n’est pas qu’un bonimenteur doué en communication et en prestations dans les médias.
 
C’est pourtant hélas ce que fait Monsieur Pepy avec mon argent et celui des autres contribuables.
Celui que je gagne beaucoup plus péniblement depuis que je vis une véritable souffrance – parfois physique, parfois psychologique – dans mes transports quotidiens.
 
Je paie mon abonnement en direct, j’y contribue via un impôt, mais je n’ai pas mon mot à dire puisque Monsieur Pepy, en dépit de ses promesses, passe plus de temps à cadrer d’éventuels débordements et à assurer sa comm’ personnelle sur l’air de « ça ira mieux demain » qu’à améliorer ce qui a été – officiellement mais brièvement – sa priorité, à savoir « les trains du quotidien ». Les solutions d’ailleurs avancées par la SNCF passent par des bus de substitution, ponctuels ou réguliers. Un comble en ces temps de COP21 et d’incitations à promouvoir le développement durable.
 
Je ne mange pas mon pain à la fumée du rôt.
Je ne m’abreuve pas de promesses.
Quelques neurones assez bien connectés et 3 ans d’expérience ont accru ma vigilance dans ce que je lis et entends.
 
J’espérais de Monsieur Pepy des actions concrètes, visibles sur le terrain. Au lieu de cela, j’ai eu droit à des campagnes (coûteuses) de communication, des investissements dans d’inutiles et faussées machines de sondages en gares, des laïus pour lesquels j’ai suffisamment de talent pour finir ses phrases, et j’en passe.
 
Du blabla. Du vent. Oui.
Monsieur Pepy exhibe régulièrement comme cause principale de nos ennuis l’engorgement de la gare du Nord. A l’entendre, à le lire, tout s’est dégradé en une nuit. Pourtant avant le jour de la mise en place du cadencement, certes tout n’était pas parfait, mais tout était supportable.
 
Du personnel (en gare et en trains) en moins : oui
 
Un mieux-voyager pour les travailleurs : non. Ni en confort, ni en régularité, ni même en moyens pour le personnel terrain afin bien nous informer.
Le croirez-vous ? Ils obtiennent parfois plus d’informations en lisant les sites des collectifs d’usagers et en nous suivant sur Twitter !
 
Aucune anticipation quant au recrutement du personnel (les Collectifs SNCFVamtuer et IDR80 s’en inquiétaient il y a 3 ans déjà !), aujourd’hui c’est l’affolement et le dédouanement sur les difficultés à trouver des candidats ;
Aucune réponse concrète autre que des copié-collé à nos élus locaux. C’est que Monsieur Pepy ne s’abaisse pas à répondre à un lambda, l’usager dont il a pourtant promis de prendre soin. Monsieur Pépy oublie le cœur même de sa mission.
 
La colère gronde parmi les usagers.
Nous ne pouvons bloquer des routes comme les agriculteurs
Nous ne pouvons bloquer Paris ou les aéroports comme les taxis
Nous ne pouvons bloquer puis saccager la A1 comme les gens du voyage
Nous aimerions forcer, obliger, contraindre Monsieur Pepy à laisser sa voiture et à voyager une semaine avec nous, en heure de pointe, pour se rendre au travail. Mais le séquestrer déborderait de la simple désobéissance civile, n’est-ce-pas ?
 
Nous vous demandons donc sa démission pour manquement à ses fonctions. Et pas seulement en Picardie : nous recevons des témoignages d’usagers et de cheminots – inquiets de la déliquescence de leurs métiers – de la France entière.
Parce qu’il est nommé par le Président de notre République mais que c’est nous, usagers du quotidien des TER et des Intercités de la France entière qui subissons les effets de son incompétence dans les missions qui nous concernent, nous vous demandons officiellement de nommer à la tête de la SNCF quelqu’un qui aura vraiment à cœur de permettre aux usagers de voyager dignement, assis, à l’heure, quel que soit leur état physique.
 
Quelqu’un qui s’impliquera activement dans une meilleure gestion des compétences de son entreprise, afin de permettre aux cheminots de bien faire leur travail, avec pour conséquences des usagers traités avec humanité et dignité. Quelqu’un qui permettra un retour au triple A : Assis, A l’heure, Averti.
 
Quelqu’un qui traitera de façon égalitaire un voyageur TGV ponctuel et un usager TER /IC quotidien…
 
Je souhaite que contrairement à monsieur Pepy vous ne méprisiez pas les usagers au nom desquels je m’exprime et que vous nous répondiez.
 
Je vous prie de croire en l’expression de mes respectueuses salutations.
 
Nora MC

Rien à dire de plus. Signons tous la pétition ici.