Prendre le train : désemparés devant la complexité et la multiplication des plateformes de billettique ?
« On aimerait prendre les transports en commun, dont le train, mais il est très difficile de préparer son voyage vue la diversité des opérateurs et de l’offre » : c’est ce qu’on entend de plus en plus autour de soi avec ce sentiment partagé de ne jamais profiter des meilleurs tarifs existants.
Tout ceci à cause de l’inexistence d’une plateforme simple et unifiée inter-opérateurs, nationaux et internationaux, qui permettrait d’un coup d’oeil au moins la comparaison, et idéalement l’achat d’un billet unique, alors que l’on sera amené à utiliser le bus, le train, un ferry, un autre train, un métro, un téléphérique, etc... Impossible d’organiser de façon simple son déplacement, qui peut mettre en jeu plusieurs modes et donc la plupart du temps plusieurs opérateurs de transports.
Chacun de ces derniers tenant naturellement à maîtriser son offre tarifaire, qu’ils soient privés ou publics, ce n’est pas gagné pour le pauvre voyageur.
Toujours en pointe concernant les transports, c’est en Suisse qu’on peut trouver un organisme fédéral faisant ce travail d’unification de l’offre, une tache imposée par la loi helvète, avec aussi la gestion des correspondances horaires. La mise en place de tickets multimodaux en est facilitée autour de quelques villes, comme Unireso à Genève, ou même à l’échelle du pays entier avec le Swisspass. Ailleurs des applications existent comme en Autriche avec WienMobil qui permet de payer les billets de plusieurs opérateurs pour un même trajet.
On parle d’intégration tarifaire. Des tentatives sont en cours aussi en France avec la carte Ourà de la région Auvergne Rhône Alpes qui n’intègre pour l’instant pas grand chose à part les TER et les bus AuRA. En Bretagne aussi timide mise en place de la carte KorriGo Services qui est utilisée pour les bus et les métros. Bien d’autres agglos offrent aussi ce genre de cartes limitées.
Et bien ce service, cette plateforme, c’est un des objectifs du réseau #EnTrain, un collectif européen de 12 organisations d’usagers, créé il y a 4 ans pour faciliter l’utilisation du train du quotidien. Il veut sensibiliser d’abord les acteurs du transport de voyageurs, administrations, opérateurs, à la nécessité de cette unification, puis inciter à la concrétisation de cette idée salvatrice de temps pour tous.
Un forum européen en septembre
Dans cet esprit et pour faire avancer l’objectif, ce réseau dont notre collectif fait partie organise une rencontre qui traitera du sujet le 28 septembre à 13h à Bruxelles. Plusieurs experts de renom y débattront. En voici le programme, l’après-midi est ouverte à tous dans la limite des places disponibles. La réservation sera ouverte début septembre. L’enregistrement du colloque est prévu.
Le site web pour s’informer : reseauentrain.eu/forum-2023
Fairtiq serait-elle la solution ?
C’est tout simplement une sorte de « fabriqueur » de billets en temps réel, au fur et à mesure que vous voyagez. Il suffit de cliquer sur Start au début du voyage.
En fait une application smartphone et un abonnement créé voici plusieurs années à Berne, qui a séduit bon nombre de voyageurs : plus d’achats de billets, paiement après le trajet, simplicité d’utilisation... on pourrait penser que tous les ingrédients sont là pour répondre à l’attente des usagers. Mais tout n’est pas rose... Analyse rapide.
Les Avantages
– Pas de billet(s) à acheter, l’application calcule le trajet effectué, choisit les opérateurs, déduit le mode utilisé (train, bus, bateau, téléphérique...)
– Le montant est débité après le trajet sur votre compte Fairtiq à partir des données bancaires rentrées
– Une grande simplicité : un seul bouton Start à appuyer au début du déplacement, un bouton Stop à la fin
– L’application génère dès le début du voyage un QR code reconnaissable par les systèmes de contrôle
– Elle choisit automatiquement les meilleurs tarifs disponibles
C’est déjà beaucoup. Regardons quel est le revers de la médaille.
Les Inconvénients
– L’application est intrusive : il est obligatoire de posséder un smartphone connecté tout le long du trajet et d’avoir la fonction GPS activée
– Nécessité d’avoir son téléphone chargé en permanence : l’utilisation du GPS sur certains modèles est très consommatrice en ressources électriques. La batterie peut se décharger rapidement
– Nécessité pendant le déplacement de bénéficier d’un niveau de réception 3 ou 4G correct. Très probable en zone urbaine, un peu moins le cas dans certaines parties rurales ou de montagne
– La sécurité des données transmises : aucune garantie à part les conditions de vente, quant à leur accès par des tiers ou des états, policiers par exemple. Avec cette solution la vie privée n’est plus protégée, c’est très clair
– La fraude : il est possible de démarrer son voyage « en cours » et ainsi de bénéficier d’un calcul de la gare d’emprunt erroné. Les utilisateurs suisses évoquent la possibilité mais disent aussi que l’application peut détecter les usages détournés...
Alors faudra-t-il se balader avec des super smartphones spéciaux, très chers, ou avec un lot de batteries externes et faire une croix définitive sur la confidentialité de ses déplacements ?
Voici l’analyse critique d’un utilisateur suisse en 2019 (l’application a pu évoluer depuis) :
Fairtiq, voyagez autrement, sans billet, et tellement simplement
Mise en place en Occitanie début août !
Les régions Nouvelle Aquitaine et Occitanie ont annoncé l’utilisation de l’application. L’organisme des transports LiO en collaboration avec la SNCF mettront Fairtiq en fonctionnement étendu, un essai très restreint pour les trajets scolaires étant déjà disponible, dès le 1er août prochain. Il s’agit du dispositif dénommé « + = Flex » qui permettra aux 27-59 ans de voyager avec son seul smartphone à bord des TER régionaux. L’offre occitane est spéciale car le coût de l’abonnement est plafonné à 90 euros par mois avec un système de cagnotte pour le mois suivant si tout n’est pas dépensé.
L’offre Fairtiq occitane présentée par Fairtiq.
Les explications de Midi Libre.
Quoiqu’il en soit nous allons heureusement vers une simplification nécessaire de l’accès aux transports en commun. Ce n’est pas très facile à mettre en oeuvre, mais les citoyens le demandent et la plébiscitent quand elle existe.